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      Dès les dernières années du règne de Louis XIV, on sent que toutes
ces forces spirituelles baissent. Les notes si curieuses de la fraction lyon-
naise de la Compagnie du Saint-Sacrement signalent de nombreux abus, et
les confrères ignoraient bien des choses. Ces mêmes corporations ouvrières
 que nous venons de voir si ferventes ont aussi pour leurs compagnons
d'autres réunions secrètes où se pratiquent des rites mystérieux et des
cérémonies étranges que voile un profond mystère. Ce sont là peut-être les
origines de la franc-maçonnerie. Les ordres religieux d'hommes sont aussi
moins fervents, et, à cause même de cette tiédeur, le nombre des moines va
diminuant : la crise révolutionnaire révélera toute l'étendue de ce mal.
      Le Jansénisme n'avait été, semble-t-il, à ses débuts, qu'une sorte de
réaction de l'esprit classique français contre une conception de la religion
plus émotive et plus facile. Rapidement, la question de la Grâce devint le
point central du débat alors qu'au début c'était surtout la lutte contre la
morale relâchée et la réforme de la vie spirituelle vers plus d'austérité. Le
Jansénisme pénétra à Lyon surtout pendant l'épiscopat de monseigneur
Montazet, plutôt sous sa forme première, auprès de gens instruits, apparte-
nant à des mondes très divers et qui, cherchant la vérité au milieu de tant de
controverses, allèrent d'instinct vers les solutions les plus rigoristes. Tou-
jours le sérieux lyonnais. Ces âmes dirigées par des confesseurs rigides
mettaient leur conduite en parfaite harmonie avec leur conception du véri-
table devoir d'un chrétien. Malheureusement, à côté de ce penchant très
beau vers une vie chrétienne intégrale, d'autres tendances se firent jour :
une tendance particulariste qui conduit au schisme et aussi une pente vers
l'illuminisme. Quand on a rompu ou que, du moins, on est prêt à rompre au
besoin avec la hiérarchie ecclésiastique, quand on croit être seuls dans la
vérité au milieu d'un monde corrompu, fatalement on éprouve un très vif
besoin de demander au ciel un signe ! On veut des miracles ou d'autres
manifestations sensibles qui seront interprétés comme la marque de la
présence de Dieu au milieu de ses véritables fidèles. Rien de plus dangereux