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Vivraie, selon l'expression des Evangiles que reprirent alors les polémistes.
Il semble cependant que, si le protestantisme fit à Lyon de fervents adeptes
à cause même de notre tendance à concevoir la religion sous son aspect le
plus sérieux, le plus austère, ce ne soit pas un paradoxe de croire que ce fut
cette même tendance qui maintint bien des âmes dans l'orthodoxie romaine.
Pourquoi seraient-elles allées chercher ailleurs ce qu'elles avaient toujours
trouvé dans la foi de leurs pères, une règle de vie forte et grave, soutenue
par le plus consolant des dogmes.
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     Ce que les saints avaient demandé aux souverains Pontifes, depuis la fin
du moyen âge, ce que par leurs exemples ils affirmaient comme possible,
cette transformation profonde des âmes par la foi traditionnelle, intégrale-
ment réalisée dans la vie, l'aurore du grand siècle nous montre l'Eglise en
plein travail pour le réaliser. Lyon n'échappe pas au mouvement.
     Si, dans cette sorte de conquête mystique, tout à Lyon ne vient pas de
saint François de Sales, il a été du moins le docteur le plus écouté par les
catholiques, parce qu'il fut le docteur le plus exact. Il faudrait analyser son
influence personnelle, la direction donnée aux philothées lyonnaises, l'aide
apportée à nos réformatrices d'ordre monastique, retracer l'événement que
fut la fondation du deuxième couvent de la Visitation Sainte-Marie de
Bellecour par la Crème de la congrégation naissante ; relire ses lettres, ses
sermons ; se souvenir enfin du triomphe que furent ses funérailles dans
notre cité. Ce fut à Lyon que le saint publia, chez Rigaud et Pillehotte, « en
rue Mercière », la Défense de la Croix de Notre-Seigneur, l'Introduction à
la Vie Dévote, et enfin le Traité de VAmour de Dieu. Ce sera encore à
Lyon, chez CÅ“ursillys, que Madame de Chantai publiera les Entretiens
de saint François et ses Lettres spirituelles. Il y eut enfin toute une litté-
rature salésienne qui donnerait lieu à une curieuse étude pour un biblio-
phile lyonnais I.
      i. M. Léon Galle a légué une précieuse collection lyonnaise sur saint François de Sales à la Bibliothèque
de la ville d'Annecy. Pourquoi, près de M. de Genève, oublier Camus, l'évêque de Belley, son ami intime,
l'écrivain fécond qui a charmé nos ancêtres par ses romans pieux. Certains sont dédiés à des personnages
lyonnais et, à qui connaîtrait bien notre histoire locale et les habitudes littéraires de Camus, à serait sans
doute possible de trouver de piquantes révélations sur le milieu dévot de notre ville (Cf. Brémond, Histoire
littéraire du sentiment religieux en France, tome I).