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— 95 — 6 « Léopold de G(aillard) ... a été marié ici richement. C'est un homme de mérite, mais un habile. Je ne le vois pas, ne croyant pas à des convictions chevaleresques chez lui, je veux dire désintéressées. Il est d'ailleurs burgrave, fusionniste et jésuite... ». « V. S. B. (Vincent de Saint-Bonnet 7) est en effet un gros bonnet de la direction, comme G(aillard) en est le voltigeur, comme Z(erpharion) en est le dada (le mot a été dit chez la duchesse de Berry). Vous ne sauriez croire, somme toute, au peu d'influence de tous ces correspondants qui, sans nul doute, se jalousent entre eux et dtont chacun doit avoir son patron là -bas (à Frohsdorf) ; qui appartient à Montbel, qui à Lévis, qui à Chabannes 8 . A propos, M. de Chabannes de Lyon est encore un correspondant 9. Il»est peu en évidence, mais ce serait encore le plus homme d'action de tous. C'est pour cela qu'il ne s'est jamais entendu avec les autres. Directeurs n° i et 2, je ne l'espère pas, ne sauraient rien faire d'utile, de chevaleresque, surtout pour notre France ». Deux mois plus tard, en mai 1857, Peladan revient encore sur ce sujet : « La triple direction lyonnaise est, comme d'habitude, en léthargie ; n'en attendez rien, absolument rien. Ce sont des suaires où on trouve parfois un semblant de vie ». Parmi les conseillers du prince, le duc de Lévis, est, avec Berryer, celui dont Peladan redoute le plus le crédit : « Lévis est pour moi le type de l'absolutisme, de l'action rétrograde. C'est une influence, ne vous y trompez pas, funeste. Il est l'auteur de la circulaire Barthélémy. Que voulez-vous de plus i ». La circulaire signée de ce nom est celle qui, le 30 août 1850, a désavoué, au nom du comte de Chambord, le parti du Droit National. « Personnellement le prince est bon, mais Lévis le perd ; c'est un mot de la duchesse de Berry au prince lui même. Un ancien officier de la duchesse disait un jour, devant moi : « C'est une habitude ; Henry cherche toujours sa réponse dans les yeux du duc ». II a fait son dernier voyage sur la frontière avec Lévis et Lévis seul. Sus à cet homme ! C'est la fatalité de la France ! ». Victor de Laprade est un des Lyonnais que Peladan n'aime guère. Il refuse cepen- dant, en juin 1857, de publier, dans sa revue, une satire en vers que le docteur Bastide a écrite contre l'auteur de « Psyché » : 6. Léopold de Gaillard, né en 1820, avocat, fondateur à Avignon de la Liberté, (1848) élu membre de l'Académie de Lyon en 1860. Il collabora, à Paris, à l'Assemblée Nationale, et l'on crut pendant quelque temps, que « Léopold de Gaillard » était un pseudonyme de Guizot. Il quitta Lyon en 1875 ou 1876 et se fixa à Paris. Il a publié: Lettres politiques sur la Suisse (1853), Questions italiennes, etc. (Archives de l'Acad. de Lyon). 7. Jacques-Octave Vincent de Saint-Bonnet, avocat à Lyon, bâtonnier de l'Ordre, mort, le 19 septem- bre 1862, dans sa 68e année. 8 Le duc de Lévis (1794-1863), aide - de-camp du duc d'Angoulème et pair de France, qui suivit les Bourbons en exil en 1830 ; le comte de Montbel (1787-1861) maire de Toulouse, député en 1827, ministre des Finances en mai 1830, mort à Froshdorf ; Frédéric, marquis de Chabannes-la-Palice (1791-1869) colonel aux Chasseurs de la Garde, général de brigade, démissionnaire en 1830. 9. Vraisemblablement Gilbert-Marie-Gabriel, comte de Chabannes de Vergers, né le 30 novembre 1 832, mort, à Lyon, le 18 février 1869. Il fut aide-de-camp du général carliste Cabrera.