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  tandis que le président et l'assesseur de droite sont intacts, l'assesseur de
  gauche a disparu : admettrons-nous que les vêtements de celui-ci seul
  étaient en pierres précieuses ? Admettrons-nous que la tunique détruite du
  cavalier d'en bas était d'une autre matière que celle du cavalier d'en haut,
  intacte ? Il n'est pas vrai non plus, si l'on s'en rapporte à la planche, que,
  hormis les vêtements ou une partie des vêtements, le reste soit intact ; par
  exemple, les quadriges et le champ ont souffert à plusieurs endroits. A la
  réflexion, Artaud se rendit compte qu'il avait dit, en 1806, une sottise ; il ne
  la répéta point en 1835. Il ne croyait plus alors aux pierres précieuses de la
  mosaïque ; aussi corrigea-t-il une autre phrase erronée de 1806 l : « Elle est
  composée de petits cubes de marbre et quelquefois de pierres précieuses »,
  par la substitution à ce dernier mot du mot « factices »2.
       En vérité, la mosaïque des jeux du cirque subit, comme tant d'autres,
  les conséquences d'accidents fortuits ou de méfaits dont les auteurs ne la
  visaient pas spécialement. D'abord l'édifice qui la contenait s'écroula ou
  fut démoli, et des blocs de maçonnerie tombèrent sur elle d'une chute lour-
  de. Puis les pans de murs qui l'entouraient et le tas de pierres qui la cou-
  vrait furent exploités pour de nouvelles constructions, si bien qu'à l'époque
  où Paul Macors l'exhuma, il n'y avait plus là « indices de ruines » 3. Non
  seulement nous n'avons aucun motif de croire que des barbares ou des
  ignorants s'acharnèrent jadis contre elle, mais nous apprenons d'Artaud
. lui-même qu'après les mains brutales qui, sans parti pris de la détruire,
  n'eurent néanmoins aucun égard pour elle, vinrent des mains pieuses qui
  la protégèrent : « Nous avons remarqué, dit-il, qu'elle avait été recouverte
  avec intention de la conserver. On a trouvé à sa surface une légère couche de
  gravier rougeâtre... et, par dessus, un rang de tuiles romaines à rebords » 4.
                                                        Philippe FABIA.




     i.P.a.
     a. P. 41.
     3.1806, p. 1 ; 1835, p. 41.
     4. Ibid.