page suivante »
— 435 —
était proclamée et l'ancien gouvernement renversé, pour avoir, « par sa coupable
indifférence, laissé le peuple Intelllligent dans l'affreuse perspective de ne plus
dîner ». En conséquence, le citoyen Boitel était mis en accusation et la société con-
voquée, pour le juger, le 28 juillet 1848, à 5 heures du soir, au pavillon Nicolas.
Enfin, le gouvernement provisoire décrétait :
« Vu la position fâcheuse du moment, vu la somptueuse prodigalité de l'ancien
régime, les frais de chaque séance de la société régénérée ne devront pas dépasser
trois francs ».
C'était la suppression des extras! Boitel fut absous par ses juges et conserva
les fonctions de secrétaire. « Typographe » attitré de la compagnie, il imprimait
alors, feuille par feuille, un second recueil de chansons qui devait, après sa mort,
rester inachevé. Les feuilles qui furent distribuées aux sociétaires, tirées, à ce qu'il
semble, à intervalles irréguliers, de 1845 à 1854, portent toutes une pagination spé-
ciale. Le titre — non daté — du volume était le suivant :
La suite du Banquet / des IntelUligences. / Recueil de table / tant soit peu
pentagruélique (sic) / à l'usage des trente convives du Pavillon Nicolas / (puis, en
épigraphe à droite, Pendent opéra interrapta). j Lyon. / Recueilli et imprimé I au
hasard des Choses \
Une des chansons de ce recueil, dite au banquet du 27 janvier 1853, donne les
noms des convives présents. Par suite des décès et des départs, la société s'est
renouvelée et, sur 19 dîneurs, 11 sont de nouveaux membres — ou des invités.
Sont nommés : Jean-Balthazar Baron, membre actif, fabricant de soieries,
juge au Tribunal de Commerce, dessinateur et aquafortiste à ses moments perdus ;
Delacroix, sans doute Napoléon Delacroix, dessinateur de fabrique et associé de
la maison de soieries Godemard, Meynier et Delacroix, auteur, notamment, d'une
chanson sur « l'Ordre moral au musée statuaire » et, sous le pseudonyme de « Cla-
queposse de la place Delacroix-Rousse », d'un compte rendu du salon lyonnais de
1860, rimé dans la langue de Guignol; Médéric Delestang,directeur ordinaire des
théâtres de Lyon entre 1846 et 1866 ; le peintre-graveur et caricaturiste Louis Guy ;
Jean-Baptiste Hugon, littérateur, aquafortiste, collectionneur et négociant, qui,
empêché d'assister aux réunions, dut, peu après « rendre sa fourchette » ; Charles
Michel, chimiste, puis poète et collectionneur, un des collaborateurs de la Revue
du Lyonnais et des donateurs de notre musée de peinture ; (de) Pontbriand, chef
de division à la Préfecture du Rhône ; Jean Reignier, ancien dessinateur, devenu
peintre de fleurs, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts, et secrétaire des Intelllligents ;
Rougier, vraisemblablement Marc-Antoine Rougier ', aussi dessinateur de fabrique
et fabricant, connu comme collectionneur ; puis Joséphin Soulary, alors employé
de Préfecture, préparant une suite à son premier recueil de sonnets les Ephémères,
et Jean Tisseur, ex-avoué à la cour, ex-rédacteur au défunt Censeur, que la Chambre
de Commerce va prendre pour secrétaire.
Hippolyte Lefebvre, déjà nommé, fit aussi partie, comme membre actif, de
la société des IntelUligences, ainsi que le peintre Achille Chaine, un futur professeur