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      Berlioz arriva à Lyon vers le 7 juillet (1845) et organisa deux grands festivals
avec double orchestre et chœurs qui eurent lieu au Grand-Théâtre, les 18 et 24
juillet. Il y fit notamment entendre aux Lyonnais, venus peu nombreux, la Marche
des pèlerins d'Harold en Italie, qui ne fut pas comprise, des fragments de sa Sym-
phonie fantastique et la finale de la Symphonie funèbre et triomphale pour la translation
des restes des victimes de Juillet.
      Frederick Lemaître, le héraut du drame romantique, figurait alors sur le pro-
gramme des Célestins où, depuis le 5 juillet, il donna 17 représentations. Il fut
l'hôte des Intelllligents, ainsi que le célèbre Duprez en octobre 1845. Les Lyonnais
qui avaient acclamé, sept ans auparavant, ce ténor, alors glorieux, lui reprochèrent
« l'affaiblissement de ses facultés » ; il fut chuté et sifflé dans Lucie, le 20 octobre,
et dans la Favorite, le surlendemain, pour avoir transposé quelques notes de son rôle.
      En novembre suivant, Emile Taigny, le jeune premier des Variétés — en repré-
sentation à Lyon avec sa femme — fut à son tour invité par le secrétaire de la Chose ;
puis, en 1846, le peintre Duval-Lecamus (le père ou le fils;') venu de Paris à Lyon
pour y aider à l'organisation d'un concert avec tombola au profit de la caisse de
l'Association des Artistes peintres, sculpteurs, graveurs, architectes et dessinateurs.
      Levassor, le premier comique des Variétés, dîna aussi à maintes reprises avec
les Bonnets de coton. Le 30 juillet 1846, le docteur René Morel lui dédia des cou-
plets, et Levassor dut régaler les convives des chansonnettes et des monologues
comiques dont il avait la spécialité.
      Le docteur Morel souhaita encore la bienvenue, le 26 août 1847, à l'acteur
Bouffé, qui avait assisté déjà au banquet mensuel du 7 mars 1845.
      Une seule femme fut admise aux réunions des Intelllligents, la sémillante
Déjazet, amenée sans doute par son ami Cailhava. Elle-même avait à Lyon une
grande amie, M m e Pilot (bouquetière au Grand-Théâtre <•), qu'elle appelait « ma
bonne Pilotte ». La première fois que Virginie Déjazet vint au pavillon Nicolas, le
11 septembre 1846, Boitel l'accueillit par ce huitain qu'il avait signé « l'éditeur de
Louise Labbé ».
                            Louise, ta compatriote,
                            Illustra Lyon par ses vers,
                Comme toi, de ces lieux, un jour elle fut l'hôte "' ;
                Toutes deux vous brillez par des talents divers.
                Vous avez même esprit, vous avez même grâce,
                Vous sûtes, toutes deux, aimer... plus d'une fois,
                Permets qu'à ses côtés je te fasse une place
                Qu'elle eût voulu te faire elle-même autrefois.

     Plus tard, en 1853, le bruit de la conversion de Déjazet ayant couru, Hippolyte
Lefebvre, régisseur du théâtre des Célestins, — plus tard directeur des théâtres
de Lyon — chanta, à un banquet, des couplets sur « Frétillon convertie ». Celle-ci
y répondit, au cours du dîner auquel elle fut conviée le 21 juin 1854, par une pièce