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accolée à une de ses superbes murailles encore debout, on voit une construction basse et trapue qui
est la chapelle de Saint-Césaire, consacrée par l'archevêque Raiambald, vers le milieu du xi° siècle.
La possession des archevêques d'Arles sur ces terres était, pour ainsi dire, immémoriale; en 114a,
il y eut un échange entre Raymond, l'un d'entre eux, et Pierre de Lambèse ; de 1219 à 1377 une
famille portant le nom de Vernègues y est établie ; de 1443 à 1750, ce fut Guillaume Damian et ses
descendants qui en eurent le domaine jusqu'à l'acquisition conclue par Henri Gauthier (Congrès
archéologiques de France, année 1876-77, RAYNAUP, le Vernègues et la chapelle de Saint-Césaire).
(5) Lettres de Maurice de Talleyrand à Fesch du 9 brumaire an XII, du 20 brumaire, du 22 brumaire
chiffrée, mise au net par le cardinal.
V. Lettres de Talleyrand à Bonaparte, les 12 et 22 brumaire, le 18 nivôse, le 17 janvier.
Le 22 brumaire, Talleyrand lui disait : « C'est la troisième lettre que j'écris pour le même objet.
Cette insistance servira à vaincre la répugnance de la cour de Rome, si elle était disposée à en montrer ».
(6) Descours, agent d'espionnage couvert par la Russie, s'était souvent abouché à Naples avec Ver-
nègues ; il avait un passé dont la police parisienne connaissait exactement les dessous. Ses noms et prénoms
étaient'Antoine, François, Philippe Dubois Descours de la Maisonfort ; né à Pétry (Nièvre), en 1764, il
avait été officier de cavalerie ; la Révolution le jeta dans l'émigration et le fit publiciste, poète et conspira-
teur ; en 1802, il imprima une Ode aux Russes, où il célébrait sur le mode lyrique les défaites de sa patrie
et en 1813 il édita, en Allemagne, un Tableau politique de l'Europe, farci d'injures contre l'Empire tombé.
En l'an VI il vint à Paris proposer à Barras, de la part de Louis XVIII, des lettres de grâce et le titre de
duc ; le 20 ventôse an X, il fut écroué au Temple pour sa participation au débarquement de Georges Ã
Biville ; transféré à l'île d'Elbe, il s'en évada le 19 pluviôse an XI ; plus tard nous le voyons attaché Ã
l'ambassade russe en Angleterre, de plus en plus hostile au gouvernement napoléonien ; sous la Restau-
ration, il fut député, ensuite ministre plénipotentiaire à Parme, près de l'ex-impératrice Marie-Louise.
Il mourut en 1829. Marié à Louise-Adélaïde Garcoing de Berthum, il en avait eu une fille et un fils qui
prit du service en Suède.
(7) De ces deux secrétaires, Fesch avait lui-même désigné le premier sur la recommandation de M.
Emery et de l'abbé Jauffret un de ses vicaires généraux ; mais il n'avait accepté le second que tout à fait
à contre-coeur et avec une méchante humeur qui, dès la prenfière heure, ne fut pas assez dissimulée et
alla toujours croissante.
L'abbé Guillon, Marie, Nicolas, Sylvestre, ancien boursier du collège Louis-le-Grand, bibliothécaire
du duc de Penthièvre, prédicateur et publiciste laborieux, eut une carrière traversée par plus d'un incident
fâcheux ; on sait le rôle au moins imprudent qu'il remplit auprès du constitutionnel Grégoire mourant,
et comment la cour romaine refusa de l'agréer pour le siège de Beauvais, malgré les instances des Tuileries
et la protection de la reine Marie-Amélie, et lui offrit en dédommagement le titre d'évêque in partibus
du Maroc. Il eut à Rome le mauvais goût de se lier intimement avec l'agent de la Russie auprès du roi de
Sardaigne, M. de Lizakewitz, qui lui offrit une chaire à l'Université de Saint-Pétersbourg et, après l'avoir
compromis, lui délivra une déclaration officielle dans laquelle il protestait ne l'avoir jamais entendu pro-
noncer un mot offensant ni pour la personne ni pour la religion de son Eminence. Au moment de son départ,
Guillon se présenta pour prendre congé ; le cardinal lui ferma sa porte.
Quant à la brouille violente et aux altercations qui s'élevèrent entre l'ambassadeur et Chateaubriand,
e premier secrétaire de sa légation, c'est presque un volume entier qui serait nécessaire pour en exposer
l'origine et en détailler les journaliers incidents. On ne peut imaginer deux hommes, associés dans une
même tâche, plus dissemblables par leur tempérament, leurs goûts et leurs opinions, moins faits pour mar-
cher ensemble et moins disposés à se prêter à un accord. Il n'y avait de commun entre eux, quoiqu'ils
aient été engendrés par des causes différentes, qu'un orgueil intraitable, un amour-propre aveugle, qui
dérobait à chacun d'eux les qualités dont ils étaient séparément munis. Il n'est pas douteux cependant que
Chateaubriand fournit en abondance les griefs que le ministre dénonça à Bonaparte, dès le 4 août 1803, dans
un langage que la sincérité et la colère dépouillaient de toute allure diplomatique ; nous ne citerons à cette