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rapide entraînerait les vapeurs dangereuses. Le Consulat s'émut un mo-
ment devant des protestations aussi sérieusement appuyées, malheureuse-
ment il recula devant l'opinion publique, réfractaire à tout changement
dans le mode d'inhumation. En 1804, un décret en date du 28 prairial
interdit les inhumations dans l'intérieur des villes et défendit de les faire
à moins de cent mètres des habitations. L'administration municipale dut
se soumettre à la loi commune et les cimetières paroissiaux servirent Ã
l'élargissement des voies publiques ou furent vendus à des particuliers
pour y élever des maisons d'habitation. L'ancien cimetière de Saint-Just
fut seul conservé et utilisé pendant quelque temps, mais il devint bientôt
insuffisant et, en 1807, la municipalité achetait à l'extrémité occidentale
du plateau de Fourvière un vaste terrain qui, sous le nom de cimetière
de Loyasse, s'est considérablement accru.
Cependant le pont Morand, inauguré en 1775, avait eu un grand
succès dès le commencement du dix-neuvième siècle. Dès qu'ils purent
traverser le Rhône plus commodément qu'en prenant les bacs de l'Hôtel-
Dieu ou en passant le vieux pont de la Guillotière, situé à l'autre extrémité
de la ville, les Lyonnais se portèrent en foule, les jours de fête, dans les
plaines des Broteaux. Ils n'avaient d'ailleurs plus d'autre lieu de prome-
nade depuis que l'exécution du projetPerrache avait supprimé les remparts.
Les mauvaises odeurs, que l'on prétendait donner la fièvre, s'exhalant des
marais issus spontanément dans les terrains rapportés à l'extrémité de la
presqu'île, détournaient la population de la magnifique avenue bordée
de peupliers d'Italie qui, sous le nom de chaussée Perrache, longeait le
Rhône jusqu'au pont de Bellevue ou de la Mulatière. La promenade aux
Broteaux devint donc bien vite très à la mode, et pendant que les petites
gens envahissaient les nombreuses guinguettes et les abords de la ferme
de la Tête-d'Or, la bourgeoisie promenait ses élégances et ses loisirs
dans les allées Morand, seule partie du beau plan de Lyon en forme circu-
laire qui eut été exécutée. Aussi, la Compagnie du pont Morand voyait-
elle s'élever chaque jour la somme des bénéfices qu'elle distribuait à ses
actionnaires. Les régents de l'Hôtel-Dieu, comprenant combien ils avaient
eu tort, quant à leur administration financière, de ne point accepter les
propositions de Morand, essayèrent de tenter eux aussi des opérations