Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                    — 106 —
      On peut se rappeler les heureux effets de l'expérience trop tôt
 abandonnée de la Commission de contrôle établie vers 1917 en Macé-
 doine, ce pays si profondément ravagé par les troubles, les luttes et les
 attentats. Pendant deux ans que fonctionna la Commission, la souffrance
 diminua en Macédoine et le pays semblait renaître. Il n'est peut-être pas
 inutile de rappeler cet exemple : on pourrait le méditer avec fruit.
      En tout cas la voie dans laquelle on est entré ne semble pas jusqu'à
présent conduire à la pacification, il serait peut-être prudent de n'y pas
 persévérer.
      Il y a un fait qui domine tout : les Grecs sont en Thrace et sont à
Smyrne. L'erreur initiale a été de les envoyer à Smyrne. On sait qu'ils
n'auraient pas osé demander d'y débarquer et qu'on les a priés, ou à
peu près, de le faire. On a cru très habile de répondre au débarquement
des Italiens à Scalanova par le débarquement des Grecs à Smyrne. Ce
sont là des habiletés qui coûtent cher, on s'en aperçut un peu tard.
En ce moment les Grecs sont très belliqueux, ils parlent de régler
par la force des armes la situation et de rejeter d'une poussée les forces
nationalistes qui ont cependant en Cilicie soutenu sans désavantage les
troupes françaises dont on peut dire, je crois, qu'elles ne sont pas infé-
rieures aux troupes grecques. Ils oublient peut-être qu'à ce jeu M. Veni-
zelos a usé sa popularité et que peut-être celle du roi Constantin ne résiste-
rait pas à une mobilisation un peu étendue, ni à une prolongation des
hostilités.
      Mais ils sont à Smyrne beati possidentes, dit le proverbe. On ne
voit pas, en effet, qui les contraindra d'en sortir, sinon la force. Les diplo-
mates peuvent se réunir en conférences, rendre des jugements, qui se
chargera de les exécuter?
      De leur plein gré, les Grecs ne se rembarqueront pas, quoi qu'aient
pu décider à ce sujet, autour d'un tapis vert, les délégués des puissances.
Le gouvernement qui s'inclinerait, même devant la volonté nettement
exprimée de l'Entente, ne résisterait pas une minute à l'explosion de
l'indignation populaire, il faut s'en rendre compte.
      Ainsi, de quelque côté que l'on se tourne, on cherche en vain une
porte de sortie. De toutes parts, en ce moment du moins, on ne voit,