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— 102 — les Metaxas n'avaient-ils pas entre leurs mains l'avancement des officiers ? Enfin, l'Université était en grande partie inféodée aux idées allemandes ; malgré des professeurs comme Phocas, qui d'ailleurs est Français, Andrea- dès et quelques autres, le parti des Streit était le plus fort. Le Conseil de l'Université ne négligea-t-il pas volontairement de répondre à la lettre par laquelle le recteur désigné Phocas lui demandait, en octobre 1914, de protester contre la destruction de Louvain et de Reims? Toute l'administration de l'Instruction publique, une des plus faibles de la Grèce, tournait les yeux vers l'Allemagne. C'était dans les Universités allemandes que la plupart des fonctionnaires du corps des Inspecteurs avaient été formés et ils s'en souvenaient. On parlait beaucoup de métho- des allemandes dans les écoles et gymnases grecs : ils n'en étaient pas meilleurs pour cela d'ailleurs. Il est à prévoir que la propagande favorable à l'Allemagne va retrouver les mêmes points d'appui, la Cour lui sera plus que jamais acquise ; dans l'armée on a vu que les épurations néces- saires ont été faites dès la rentrée du roi. L'Etat-Major est d'ores et déjà entre ses mains, d'ailleurs n'est-ce pas M. Gounaris qui est ministre de la guerre ? C'est tout dire. Enfin un des premiers soins du nouveau gou- vernement a été de rendre aux professeurs germanophiles les chaires dont M. Venizelos les avait dépossédés en 1917. Tout est donc près pour la reprise du travail en faveur des idées allemandes. Je veux bien admettre que l'électeur grec, en votant comme il l'a fait, n'a pas eu l'in- tention de marquer à l'Entente de l'hostilité, à l'Allemagne de la faveur, mais en fait, le résultat le plus clair de la situation politique créée par les élections est la reprise — avec quelle violence, on peut le deviner — de la germanisation du pays. Les effets s'en verront bientôt, d'autant plus vite que la Grèce se trouve dans une impasse d'où on ne voit pas très bien en ce moment comme elle pourra sortir. Il ne paraît pas vraisem- blable qu'elle ne perde pas quelque chose à son changement d'attitude. Son amour-propre blessé lui en fera rejeter la responsabilité sur les puis- sances de l'Entente, sur la France en particulier, qu'on accuse volontiers de partialité envers la Turquie, et la propagande allemande puisera là une nouvelle force. C'est là une situation qu'il faut reconnaître et dont on doit prévoir le développement. Il ne sera guère favorable à l'extension de