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Quand on considère l'immense empire colonial de la Compagnie,
on conçoit facilement qu'il était de toute nécessité pour elle d'avoir en
France une administration importante dont les rouages devaient être
fatalement des plus compliqués (i). Law installa dès 1717 la Compagnie
des Indes dans l'hôtel Tubeuf, rue Neuve-des-Petits-Champs. L'admi-
nistration de la Compagnie des Indes occidentales fut alors réglementée
par l'édit du 23 août 1717 complété par celui du 6 septembre ; ils com-
prennent 56 articles dont l'étude mérite quelque attention. Ils confirment
la non-dérogation à l'égard des nobles qui sont actionnaires de la Compa-
gnie. La Compagnie reçoit la défense de se servir pour son commerce
de vaisseaux autres que les siens propres ou ceux appartenant aux sujets
du roi de France. Les équipages doivent être français et les navires armés
dans les ports du royaume. Il lui est interdit aussi de faire des retours
ailleurs qu'en France et d'envoyer des vaisseaux directement de la Loui-
siane en Guinée. Les marchandises originaires de la Louisiane venant en
France ne devaient payer que la moitié des droits d'entrée pendant dix
ans, sauf le cuivre, le plomb et les métaux en général qui en étaient exempts
Il était accordé à la Compagnie, sous forme de gratification du trésor
royal, 6 livres par tonneaux pour les vaisseaux de 200 tonneaux et au-
dessus, et 9 livres par tonneau pour ceux de 250 tonneaux et au-dessus,
la première fois qu'ils aborderaient dans les ports du royaume, à la
condition qu'ils aient été construits dans les ports de sa concession (2).
L'administration de la Compagnie était entre les mains de six direc-
teurs, dont le roi s'était réservé la première nomination, laissant cependant
à la Compagnie la liberté d'en choisir trois nouveaux ou de maintenir
en fonctions les anciens après deux ans. Law était directeur général et
ne comptait pas parmi les six directeurs. Chaque année les actionnaires
devaient être réunis en assemblée générale, ils avaient une voix par
cinquante titres et ce même nombre d'actions était exigé pour avoir voix
(1) Cf. P. Bonnassieux, les Grandes Compagnies de Commerce, Paris, 1893. — Du Fresne de Franche-
ville, « Histoire de la Compagnie des Indes », t. III de l'Histoire générale et particulière desfinances,1738-
1740, 3 vol. — H. Weber, loc. cit.. p. 435 et suiv. — O. Noël, Histoire du Commerce du Monde depuis
les temps les plus reculés, Paris, Pion et Nourrit, 1894, t. 3.
(3) V. Savary, Dictionnaire Universel du Commerce, 1.1, 3 m e partie, p. 1067 et suiv.