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2° La politique de la balance du commerce qui est la mise en œuvre
de tous les moyens pour que les exportations excèdent toujours les impor-
tations. Il fallait donc créer des manufactures et éviter qu'elles ne péri-
clitent, établir des tarifs protecteurs contre le commerce étranger, et
enfin acquérir des colonies qui seraient autant de marchés ouverts aux
seuls commerçants de la métropole, car les représailles douanières des
pays étrangers devaient nécessairement obliger le pays à vivre sur le
domaine national.
Le mercantilisme a conduit aussi au pacte « colonial » qui, au xvne
siècle, était pratiqué par tous les grands états européens. La colonie
n'est plus un organisme ayant une vie propre, elle est une sorte d'es-
clave liée à la mère-patrie qui l'exploite pour en tirer le plus grand profit
possible afin de se couvrir de tous les frais de premier établissement.
Seuls les navires de la métropole ont le droit de commercer avec la colonie
dont toutes les exportations lui sont exclusivement réservées. Cette
politique de domestication a été néfaste, car le développement de la
colonie est toujours impossible dans cet état d'assujettissement complet.
Le mercantilisme entraîne encore avec soi l'ingérance de l'Etat dans toutes
les questions industrielles, commerciales, agricoles et monétaires ; surtout
sur ce dernier point le Prince a tous les pouvoirs et il peut altérer les
monnaies comme bon lui semble, puisque ce n'est qu'un signe créé par
lui pour faciliter les échanges.
Cette politique mercantile fut celle de Cromwell en Angleterre et
de Colbert en France, créateurs du protectionnisme dont M. Ch. Gide (i)
a parfaitement défini les principaux points en établissant qu'il consiste à :
i° Repousser par des droits protecteurs l'importation des produits
fabriqués ;
2° Au contraire favoriser, par une réduction des droits, l'importation
des denrées alimentaires, des matières premières et de tout ce qui sert
aux fabriques ;
3° Stimuler, par des encouragements aux manufactures ou par des
primes, l'exportation des produits du pays.
(i) Ch. Gide, Cours d'Economie politique, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1919, tome II, p. 27.