Revue du Lyonnais » série 6 - n°1-4 ( 1921 ) » pp.041

                                          — 41 —
     Dans son Inventaire des ustensiles que jay servantes pour l'imprimerie,
dressé en 1563, Plantin déclare encore expressément que ses « lettres
faceon d'escripture » sont bien celles de Granjon (1).
      Trois ans plus tard, le tailleur de lettres lyonnais vint à Anvers,
où il fit un séjour de plusieurs mois. Il y créa pour Plantin deux alphabets
en caractères de civilité, la « petite lettre françoise » et le « gros françois ».
Pour le premier de ces deux alphabets, Plantin fit avec Granjon un contrat
stipulant que le fournisseur pouvait garder une frappe, à condition toute-
fois de ne l'employer que pour ses propres éditions. Le document est
écrit par Plantin dans son Livre des Ouvriers besognants pour le faict de
Vimprimerie commençant en Novembre 1563 jusques a Van 1571 ; Granjon
signa ce contrat sur le registre même, ce qui prouve bien qu'il était à
Anvers à la fin de 1566. Plantin déclare d'ailleurs dans ce texte que Gran-
jon a fabriqué les poinçons et les matrices de la nouvelle lettre à Anvers
même. Voici le contrat en question : « Le 7 jour de décembre 1566 nous
avons accordé, le sire Maistre Robert Granjon et moy, que ledit Granjon
me livrera les poinsons et matrices de la petite françoise qu'il a faicte
dernièrement en ceste ville pour deux cents florins en argent ascavoir
quarante florins à sa volonté et les restes à payer trois florins par chaicune
semaine jusques à la fin de payement et les autres cent florins en tels
livres de mon impression qu'il luy plaira. Et davantage est conditionné
que ledit maistre Robert Granjon retiendra une frappe de ladite lectre
pour soy, laquelle frappe il s'obligera de nalliener, vendre, prester ne
faire fondre dessus pour personne du monde que pour s'en servir soy-
mesmes en sa maison ou demeure et non ailleurs ne par autre qui que
ce soit. R. Granjon (2) ».

    Sous ce document, nous trouvons les acquits des différents payements
prévus par le contrat, et parmi ces quittances, il en est une de la main
de Granjon.



   (1) Mus. PI., Reg. XXXVI, fol. 34 et 61.
   (3) là., Arch., Reg. XXXI, fol. 88.