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lutter contre le courant, presque général en France, de la protection.
Le fonctionnement du régime parlementaire donna aux discussions sur
les questions douanières une ampleur inconnue jusque-là . La Chambre
de Commerce ne se prononce pas alors d'une façon absolue dans un sens
ou dans l'autre. Elle commence pourtant à manifester des tendances
libérales, tout en restant attachée à la protection dans les cas où elle y
voit des avantages. En tout cas, dès cette époque, la modération de son
attitude contraste avec l'absolutisme des doctrines que professent les
autres grands centres industriels de la France. Il est un principe surtout
sur lequel elle demeure intransigeante : c'est l'entrée en franchise de la
matière première. Sur ce point, sa doctrine ne variera jamais. Elle dut
plusieurs fois reprendre la lutte pour la défendre, et à force de persé-
sévérance obtint gain de cause, d'une manière définitive, il faut l'espérer.
La situation économique dans laquelle nous nous trouvons aujour-
d'hui évoque un rapprochement avec celle qui se produisit en 1814.
L'Empire français avait ajouté aux conquêtes de la Révolution une partie
des Etats de l'Europe, qu'il s'était annexés ouvertement, ou d'une manière
détournée, en mettant à leur tête les proches de l'Empereur. Il avait ainsi
fait tomber les barrières douanières internationales, pour le plus grand
profit de l'industrie et du commerce français. La dislocation de l'Empire
rendit l'indépendance à ces Etats qui s'empressèrent de rétablir les tarifs
nécessaires à leur protection économique. La même chose se passe aujour-
d'hui et nous constatons de toute part une poussée du nationalisme écono-
mique surexcité par la guerre. Un autre facteur agit dans le même sens :
la nécessité que la dépréciation de leur monnaie fait à tous ces Etats
de réduire autant que possible leurs importations. Aux deux époques
des conditions analogues ont imposé à Lyon l'obligation d'une politique
assez souple pour tenir compte des circonstances. C'est celle qui fut
pratiquée pendant la Restauration. Alors comme aujourd'hui il s'agissait
de se défendre contre la concurrence étrangère, tout en évitant de pro-
voquer des représailles.
La doctrine libérale s'affermit à partir de 1830. En 1834, la Chambre
de Commerce dénonce comme une erreur économique fondamentale
celle qui se trouve à la base du système douanier pratiqué en Europe de