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douane, Lyon est toujours resté fidèle à la doctrine libre-échangiste,
tempérée par une sage adaptation aux nécessités variables de l'heure.
Il n'en avait pas toujours été ainsi. Sous l'ancien régime l'industrie
et le commerce lyonnais étaient accablés, si l'on peut dire, de privilèges ;
le pouvoir royal les leur avait accordés par suite de la politique économi-
que d'alors ; et aussi en reconnaissance des subsides financiers que Lyon
ne marchanda jamais au Trésor. Convaincus qu'ils devaient leur prospé-
rité à ces franchises, ils y étaient naturellement attachés. C'est pourquoi
la Chambre de commerce de Lyon; au xvme siècle, ne cessa pas de
défendre âprement les institutions spéciales, si favorables aux intérêts
dont elle avait la garde.
Pourtant dès les origines Lyon s'était révélé comme une grande
place de commerce internationale. Fréquenté par les étrangers qu'atti-
raient ses foires et qui y trouvaient de larges crédits à long terme « il
était le principal marché des lettres de change sur la Hollande, l'Angleterre,
l'Allemagne et le réservoir des métaux précieux qui arrivaient par l'Italie
et l'Espagne ». De là naissaient des relations étroites avec les pays étran-
gers. Plus tard les manufactures lyonnaises de dorure eurent besoin de
l'or et de l'argent que produisait l'Amérique espagnole ; aussi malgré
les tendances protectionnistes qui sont alors les siennes, voit-on la Cham-
bre de commerce recommander au roi la prudence à l'égard de l'Espagne
et insister pour que l'on évite dans les relations avec cette puissance
tout ce qui pouvait entraîner de sa part des contre-coups fâcheux pour
la place de Lyon. Elle recommande aussi de ménager l'Angleterre, dont
le marché est indispensable à la Fabrique lyonnaise. En intervenant ainsi
pour que l'expansion commerciale au dehors ne fût pas entravée, elle
ne faisait que reprendre une vieille tradition lyonnaise. Henri IV ayant
résolu en 1594 de prohiber l'importation des soieries étrangères à la
demande des marchands et ouvriers de Tours, le Consulat délégua Ã
Paris son secrétaire Thomé pour représenter au roi les dommages que
cette prohibition porterait aux Lyonnais et lui demander la liberté du
commerce comme le plus sûr moyen d'enrichir ses sujets.
C'est à l'époque de la Restauration que se dessine à Lyon le mouve-
ment libre-échangiste qui tout le long du XIXe siècle ne cessera pas de