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466 LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON
On était encore tout à la joie de la victoire, lorsque, le
20 juin, à 8 heures du matin ( i ) , la nouvelle se répandit
que le maréchal venait de mourir. « C'était une noble et
« belle victime. Les Lyonnais résolurent de lui rendre tous
« les honneurs dus au courage, au dévouement et "à la vertu
« militaire. Ils fixèrent les funérailles au lendemain, Ã
« io heures du matin. Dès 7 heures, toute la ville fut sur
« pied ; les tambours couverts de crêpe noir battaient
« le rappel ; les bataillons de la garde nationale, au
« complet et en grande tenue, se réunissaient à Bellecour;
« la foule encombrait les rues et les places malgré les
« menaces d'un prochain orage. En effet, le temps était
« sombre comme un drap mortuaire, le tonnerre grondait
« au loin et de longs éclairs brillaient à de courts intervalles
« sur la surface noire du ciel, comme des torches funèbres.
« A 10 h. 1/4, précédé par un piquet de gendarmes à cheval
: et deux pièces de canons attelées, le cortège se mettait en
<
« marche pour se rendre au cimetière de la paroisse Saint-
« Pierre, où l'ancien maréchal de camp avait désiré rejoindre
: les victimes du 29 mai. Quatre grenadiers, choisis parmi
<
« les plus forts et les plus beaux hommes des sections, por-
te taient le cercueil, ombragé par quatre drapeaux. Les
« coins du poêle étaient tenus par les citoyens Fréminville
« et Madinier, par Gingenne qui avait servi jadis dans le
« régiment de la couronne, et par un jeune homme,
« tenant le bras en écharpe, et dont la douleur attirait tous
« les regards. Un vieux serviteur conduisait un cheval
« caparaçonné de noir; c'était un cheval de bataille que
« suivait la troupe, musique en tête et les armes renversées;
« deux pièces de canon et un détachement de cavalerie
( 0 Date relevée aux archives de la guerre.