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464 LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON au dehors, et on la scie sur la cravatte avec un sabre ébréché, ayant servi à défoncer un coffre. La tête du colonel alla rejoindre celles des autres officiers, trophées hideux, ruisselants de sang, ballottés par les flots tumultueux de la foule, promenés pendant toute la nuit à travers les rues, dans les cafés, jusque sur la scène (1), puis, aux premiers rayons du jour, suspendus en guirlandes avec des rubans tricolores aux arbres de la promenade. Craignant pour le lendemain le retour de la populace, le gouverneur quitta la forteresse avec sa famille aussitôt la nuit venue. « Une voiture les attendait au pied de la rampe. « Ils y montèrent tous. M. Gavot, sorti de la cachette où « il était resté blotti pendant plus de six heures, prit place « à côté d'eux. Mais il avait eu la prudence de quitter son « uniforme. Il put, dans la suite, trouver un asile chez une « dame veuve, qui tenait l'Hôtel du Midi, sur la place « Bellecour. L'amour naquit de la reconnaissance, le brave « officier épousa sa libératrice. » (2) Mais les événements se précipitent, et Lyon n'a même plus une journée de calme. La population, en majorité hos- tile à la Municipalité, d'abord indécise, s'agite et organise peu à peu la résistance. Les visites domiciliaires, les arrestations, les fameux mandats impératifs avaient provoqué l'indignation générale. On en voulait surtout à un agent communal, nommé Sautemouche, qui s'élançait avec quelques bandits, le sabre nu à la main, dans la demeure des riches, et leur arrachait, grâce à ces menaces, les taxes les plus arbitraires. Excités (1) BALLEYDIKR, I, 91. (2) RAVERAT, p. 73 et 75. Voir M lle Alex, des ECHEROLLES : Quelques années de via vie.