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37$ NATAL1S RONDOT « Ce grand vieillard au teint animé, à la chevelure abon- dante et blanche comme la neige, était resté jeune par l'en- train et l'activité. Il devait ce privilège à une puissance incomparable de travail. La paresse et l'inaction lui étaient odieuses. Le travail qui mûrit les jeunes hommes, prolonge, quand il répond si bien à leurs goûts et à leurs aptitudes, la jeunesse des vieillards. Cette jeunesse, qui est un signe de contentement du devoir accompli et de satisfaction inté- rieure, et qui est un présent de Dieu, il la possédait pleine- ment ( i ) . » Rondot était peu enclin, non seulement aux plaisirs, mais à toutes les distractions de la vie extérieure. Lorsqu'il fut retiré des affaires, ses recherches dans les dépôts publics et les archives, son travail de cabinet occupaient exclusive- ment sa journée jusqu'à une heure avancée de la nuit. Les obligations mondaines étaient pour lui des corvées auxquelles il s'astreignait difficilement, c'est ce qui explique son abord réservé, sa tendance à l'isolement dans certaines réunions où il ne se rendait que par devoir ou déférence. Il était, d'autre part, dans le commerce des lettres, fort accessible et bienveillant. Tous ceux qui ont eu recours à ses vastes connaissances n'ont eu qu'à se louer de son obli- geance. Rondot montra toujours la plus noble indépendance de caractère. D'un esprit très libéral, il se tint constamment éloigné du terrain brûlant et dangereux sur lequel se meuvent les politiciens. 11 servit son pays en dehors de toute préférence de parti; poursuivant sa tâche avec la même sérénité, le même dévouement désintéressé sous la (i) Marius MORAND : Bulletin des soies et des soieries, i " sep- tembre 1900.