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324                        KATALIS RONDOT

drale de Reims le ravit; il décrit et il dessine minutieuse-
ment les détails de son architecture tout en déplorant le
badigeon bleu des voûtes. Par contre, l'hôtel de ville « n'est
qu'un beau bâtiment du dix-septième siècle ». Chemin fai-
sant, il se laisse aller à son esprit d'analyse et d'investiga-
tion. En quittant Saint-Quentin, ce sont « vertes prairies,
paysage varié, collines boisées. Le sol est une terre grasse
et riche; la route est charmante, on emploie pour son
entretien le grès calcaire mamelonné renfermant des géodes
de chaux carbonatée radiée... » Entre Chalons-sur-Marne et
Arcis-sur-Aube, c'est le souvenir des terribles combats livrés
par Napoléon aux alliés, en 1814. A Troyes, la cathédrale,
le jubé de Sainte-Madeleine, l'élégante église Saint-Urbain
attirent toute son attention. Le voyage se termine par une
visite à la vieille maison des Rondot :

   La maison où habita mon grand-père est toute simple, bien vieille,
comme toutes celles de Troyes. Encore aujourd'hui, une boutique
d'orfèvre en occupe le rez-de-chaussée, mais la profession est tombée.
L'orfèvre n'est plus maintenant qu'un marchand de couverts d'argent ;
ce n'est plus l'artiste des derniers siècles, qui sculptait dans l'argent et
dans l'or, qui ciselait ces merveilleuses châsses, ces précieuses arches
toutes découpées de ces riches et gracieuses dentelles, de ces naïves
figurines, dont les architectes d'alors ornaient à profusion les voussures
et les flèches des églises. Le maître orfèvre du Roy était graveur; et mes
pères étaient gardes et graveurs de la monnaie de Troyes. C'étaient des
hommes qu'animait le génie artistique et qui, basant leur inspiration
sur l'étude des bons maîtres, formulaient leurs pensées avec le burin, le
crayon ou le pinceau. Aussi nous ont-ils laissé de précieux ouvrages,
d'admirables ciselures repoussées sur le bronze et l'argent, de belles
pages où ils ont crayonné et l'histoire de leur ville et les souvenirs du
ternes passé.


  En ces quelques lignes, Natalis Rondot nous dévoile son
amour de l'art, son respect et son admiration pour la tra-