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252 CONSIDÉRATIONS SUR QUELQUES ECOLES Je citerai en guise de conclusion cette page d'Emile Trol- liet (1). « Donc, sans rapprocher la poésie de la prose, rap- « prochons-là de la musique. Qu'on rime pour l'oreille et « non pour les yeux; qu'on ait le droit d'appareiller un sin- « gulier avec un pluriel, si du moins ils rendent tous deux « le même son, car on ne voit pas pourquoi enfant et triom- « pliants ne seraient pas des rimes admissibles, lorsque « enfawts et faons sont des rimes certainement admises; « qu'on se moque de la césure et de l'hémistiche, mais non « de l'accent tonique; qu'on se permette certains hiatus « lorsqu'ils sont une liaison plutôt qu'un heurt; qu'on « supprime enfin les difficultés inutiles de la poétique, « comme on le fait ailleurs pour celles de l'orthographe, « mais de même qu'on doit respecter les lois primor- « diales de la syntaxe française, qu'on respecte aussi les lois « organiques du vers français. Assouplissez-le, spiritualisez- « le, mais ne le démembrez pas. Les réformes proposées par Adolphe Boschot répondent exactement à ces judicieux desiderata. Reste à savoir si M. Gaston Boissier, le secrétaire perpétuel de l'Académie française auquel le jeune auteur adresse sa supplique, aura sur ses collègues et sur le groupe poétique de l'Institut assez d'influence pour faire triompher, et pour consacrer officiel- lement les idées qui lui sont soumises et qui partent toutes de ce principe à savoir : que la poésie est l'expres- sion musicale et rythmée des sentiments et des idées. II Parlons maintenant de quelques poètes dont les œuvres attendent depuis longtemps sur ma table. Aussi bien les (1) Médaillons de Poètes. A. Lemerre.