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450 LA SCULPTURE A ROME donne rendez-vous sous ses murs. Au printemps, au-delà de la Porta Pia, le figuier agite doucement ses feuilles bleues. Les prés sont blancs de pâquerettes et de narcisses. Les amandiers neigeux répandent dans l'air leurs pollens invisibles et parfumés. La vigne en fleurs embaume. Sur le faite de la vieille église Sainte-Agnès des colombes volètent en se jouant. Du firmament, un soleil jeune et magnifique comme l'adolescence de l'année darde ses rayons que tamisent parfois des nuées plus légères que des mousse- lines. Un souffle tiède, un souffle pareil à la respiration d'une déesse amoureuse, effleure le sol, se perd sur les terres antiques, fait tressaillir les ruines mémorables. Et c'est encore Rome, cette harmonie de la terre chan- tant la venue des beaux jours; c'est le voisinage de Rome qui donne à cet hymne du renouveau une élévation, un charme, une poésie extraordinaires. Tant les êtres et les choses, en remplissant allègrement et continuement leurs fonctions marquées par le Destin, écartent l'idée même de la mort d'une ville que son Passé aurait dû réduire à l'état d'immense nécropole latine. Pierre de BOUCHAUD.