page suivante »
446 LA SCULPTURE A ROME beauté. Non, mille fois non. Qu'on aille voir ses ruines, ses monuments, ses églises, et l'on comprendra leur indé- fectible beauté, leur immuable poésie. Cette ville est en vérité comme les annales de notre Occident. Elle est, on l'a dit excellemment : « Urbs toujours jusque dans ses enseignements et sa domination posthumes. » Il ne s'agit pas ici d'un phénomène de croyance. Il s'agit d'une survivance des plus beaux souvenirs historiques du monde qui parlent sans cesse à l'esprit. Des ruines, des temples, des forums, des basiliques de Rome, s'élèvent maintes voix formidables disant un passé merveilleux. Les souvenirs y prennent leur essor à chaque endroit. Ils'gîtent dans les vieux palais, voltigent autour des pins aux branches en couronnes, se perdent dans les lointains des montagnes delà Sabine,disparaissent sur les crêtes douces des collines albaines. Des pensées religieuses et graves s'élèvent des places calmes, se perdent parmi les fûts des cyprès noirs du Palatin, glissent sur les voies appienne et sacrée : pensées esthétiques, engendrées par les tableaux et les statues ; pensées historiques embusquées dans chaque anfractuosité de muraille. Et le soir, à l'angelus, elles montent du sol romain, et envahissent le ciel jusqu'au moment où toutes s'envolent vers Saint-Pierre, troupes de colombes peureuses et charmantes qui, à l'heure où la Cité est plongée dans l'ombre, regagnent le dôme encore éclairé par les dernières lueurs du couchant. Rome, l'annaliste devrait l'étudier sans cesse pour savoir l'art de l'histoire, ses règles et ses enseignements. Je n'en- tends point parler ici d'analyse, de documentation systé- matiquement détaillée, d'explication de l'existence à l'aide des dissections du document humain. Il suffit seulement Ã