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364 l'A SCULPTURE A ROME impérieuses, il ne put manifester aucun amour pour la Beauté ; ce goût n'avait pris nul essor, quand Rome, cou- vrant les sept collines, imposait sa force au monde antique. Vraiment, Virgile avait raison de conseiller à ses compa- triotes l'abandon aux autres peuples du soin d'animer le bronze ou le marbre et de leur recommander la consécration exclusive à la politique pour laquelle la nature les avait si bien doués : Excudent alii spirantia mollius xra, Credo equidem ; vivos ducent ex marmore vultus ; Tu, regere imperio populos, Romane, memenlo ; Hœ tibi erunt artes, pacisque imponere morem, Parcere subjectis et debellare superbos (1) « D'autres peuples, je le crois, sauront mieux amollir et animer l'airain, et faire sortir du marbre de vivantes figures ; toi, Romain, souviens-toi de soumettre le monde à ton empire. Voici tes arts à toi: imposer les lois de la paix, épargner les vaincus et dompter les superbes. » Les paroles du grand poète, pour s'appliquer au passé, ne concernent pas moins l'avenir. Car, au moment où les écoles nationales surgissaient de toutes parts dans la Pénin- sule, Rome continua de demeurer comparativement immo- bile. Comme autrefois, elle laissa aux artistes étrangers, dont les ateliers s'accroissaient de plus en plus dans son enceinte, la tâche d'orner les églises et les palais des plus beaux sépulcres, des plus magnifiques statues. Il est impossible de savoir le nombre des statues que contenait la Rome impériale ; toutefois, il devait être con- (1) Enéide, VI, 848 et squ.