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298 LA CHAPELLK DE SAÎXT-ROCH A CHOULANS Cet exemple autorisa désormais les peuples à dédier à saint Roch des tableaux, des autels, des chapelles et des temples. Le nom du charitable pèlerin devint l'objet d'un culte général. Dès 1415, une association pieuse, ayant pour but de secourir les malades, se fondait à Venise sous son patro- nage. Bientôt, il n'y eut pas de pays qui ne possédât une église ou un autel consacré à saint Roch ; quantité de confréries s'établirent sous son nom ; ses images, ses statues se multiplièrent en tous lieux, dans toute la chrétienté. La ville de Montpellier avait conservé le corps de saint Roch. En 1399, elle donna une partie des reliques du saint à Jean-le-Maingre, maréchal de Boucicault, qui, envoyé par le roi de France, avait pacifié la Provence et le Lan- guedoc désolés par le schisme qui divisa l'Eglise après la mort de Grégoire XI (1). En 1484, la peste ayant fait trente mille victimes à Venise, que ses rapports continuels avec l'Orient exposaient tout particulièrement à ce fléau, les Vénitiens demandèrent à Montpellier les reliques de saint Roch. Sur le refus des habitants, ils envoyèrent dans cette ville des émissaires déguisés en pèlerins, qui volèrent les reliques et les appor- tèrent à Venise, où le doge, le Sénat, le clergé et le peuple les reçurent triomphalement. La splendide église de San-Rocco fut bâtie pour les abri- ter. Une confrérie se forma sous les auspices du saint dans le but de soigner les malades et les pauvres, mais particu- lièrement les personnes atteintes de la peste. L'édifice cons- (1) Le maréchal de Boucicault légua plus tard cette partie du corps de saint Roch aux Trinitaires d'Arles.