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296 LA CHAPFXLE DE SAINT-ROCH A CHOULANS inconnu et aperçut à ses côtés, dit la pieuse légende, une tablette sur laquelle une main divine avait écrit en lettres d'or, que « ceux qui, frappés de la peste, invoqueraient désormais le nom de Roch seraient délivrés de ce mal des- tructeur (1). » Le gouverneur quitta la prison, en proie à un grand trouble, et alla faire à sa mère le récit de cette mort mer- veilleuse. Celle-ci eut alors le pressentiment que le mysté- rieux inconnu pouvait être son petit-neveu, parti, douze ans auparavant, sous l'habit de pèlerin. A sa prière, le gouverneur retourna au cachot, et, découvrant la poitrine du prisonnier, aperçut une croix pourprée imprimée sur sa chair. A ce spectacle, ses yeux se remplirent de larmes et il fut dans la désolation d'avoir méconnu et traité si cruellement son noble et saint neveu. Il se prosterna devant son corps et le baisa avec respect. Toute la population de la ville vint à son tour vénérer la dépouille de Roch et, dès ce jour, on résolut d'élever un sanctuaire en son honneur (2). (1) Un chef-d'œuvre de Rubens, peint pour la confrérie de Saint- Roch, d'Alost (Belgique), et qui se trouve encore aujourd'hui dans l'église collégiale de Saint-Martin, reproduit cette scène. Le saint est représenté dans la prison, dont la partie supérieure est éclairée par une lumière surnaturelle. Il est à genoux, non pas comme un suppliant, mais avec l'expression de la plus vive gratitude ; il a les yeux levés vers le Sauveur, qui lui apparaît au milieu d'une gloire et qui lui montre, sur une tablette tenue par un ange, cette inscription : Eris in peste patronus. (2) Voir : RECLUZ (abbé), curé de la paroisse de Saint-Roch à Mont- pellier : Histoire de Saint Roch et de. son culte, Montpellier, Joseph Calas, 1858.