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         LA CHAPELLE DE SA1NT-ROCH A CHOULANS                 295

dait à leurs questions que par ces humbles paroles : « Je
suis un pauvre pèlerin », le soupçon s'empara de ces hom-
mes. Ils le prirent pour un espion dangereux, l'arrêtèrent
et le conduisirent, chargé de liens, comme un malfaiteur,
devant le gouverneur de la ville.
   Celui-ci était l'oncle même de Roch. Il demanda à ce
mystérieux inconnu qui il était et d'où il venait.
   Pour se foire reconnaître, Roch n'avait qu'à découvrir sa
poitrine et à montrer à son oncle la croix pourprée qui le
distinguait depuis sa naissance, et dont personne, à Mont-
pellier, n'ignorait l'existence ; il n'avait qu'à dire qu'il était
ce pèlerin bienfaisant, béni par toute l'Italie ; il n'avait qu'à
se nommer, et ses liens tombaient à l'instant. Mais Roch
recherchait une vie d'immolation. Il ne répondit pas aux
questions que lui posait le gouverneur.
   On le jeta dans un cachot.
   Il y avait cinq ans que Roch était en prison, lorsqu'un
jour (1), voyant approcher sa dernière heure, il demanda
au geôlier de faire venir un prêtre. Celui-ci accéda à sa
prière.
   Le prêtre trouva la prison inondée de lumière. Il admi-
nistra les sacrements au moribond. Alors celui-ci, s'adres-
santà Dieu, lui demanda que tous ceux qui l'invoqueraient,
se souvenant de son nom, fussent délivrés de la peste. Après
cette dernière prière en faveur de l'humanité, il expira dou-
cement.
   Cependant, le gouverneur, auquel le prêtre alla rapporter
cette mort édifiante, fut frappé par ce qu'il entendait et se
rendit à la prison. Le cachot était encore comme inondé
de clartés. Surpris, il s'approcha du corps du prisonnier

  (1) Le 16 août 1327.