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DE i/ANTIQUITÈ A LA RENAISSANCE 281 ne le considérant que comme un serviteur de l'adulation, fit enlever les têtes des statues grecques pour les remplacer par son chef ignoble. Néron, ce pître qui se délassait de ses crimes de parricide et d'époux sanguinaire en jouant à l'acteur et en composant de mauvais vers, introduisit la mode des statues de marbre coloré avec les extémités de marbre blanc ou de bronze. Il fit dorer les splendides productions de Lysippe. On sait qu'une des statues d'Alexandre-le-Grand par l'admirable sculpteur grec avait été transportée à Rome. Comme elle était de bronze, Néron crut la rendre plus belle en la faisant recouvrir d'une couche d'or. Cet extravagance du fol Ahénobarbus dissimulait le mérite du travail. Il fallut donc enlever la dorure, ce qui dégrada énormément ce chef-d'œuvre. Néron s'érigea en outre à lui-même une statue colossale, haute de cent dix pieds, exécutée par Zénodore après dix ans de travail, pour la bagatelle de quarante millions de sesterces (environ neuf millions de francs), et dont les défauts témoignent de l'oubli auquel était parvenue la pro- fession de fondeur en bronze. Le même Empereur accrut les trésors de l'art grec rassem- blés à Rome en y ajoutant les chefs-d'œuvre d'Olympie et les cinq cents statues de bronze dérobées au temple d'Apol- lon à Delphes, qu'il employa aux décorations de la Maison Dorée. Sous les Flaviens on mit de nouveau l'Achaïe à contri- bution. Il n'est pas jusqu'à la Palestine qui ne dût livrer elle-même ces magnifiques ornements dérobés au temple de Jérusalem et dont Vespasien embellit le temple de la Paix. On peut voir une preuve de l'habileté des artistes grecs qui résidaient à Rome sous Titus, en considérant les bas-