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l88 LE PROFESSEUR OLLIER à vouloir bien faire ce qu'il acceptait. Il s'en fallut de quelques voix seulement pour qu'il vînt siéger sous la Coupole. Sa réputation n'en fut en rien diminuée, et aujourd'hui que son œuvre s'élève solide, puissante, s'ini- posant à l'admiration du monde savant, l'Académie des Sciences peut dire d'Ollier ce que son aînée, l'Académie française, gravait sur le socle du buste de Molière : Rien ne manque à sa gloire, il manquait à la nôtre. Lorsque, le 24 juin 1894, Carnot, mortellement frappé par le couteau de Caserio, était emporté mourant à la Pré- fecture, le professeur Ollier, arrivé pendant l'opération pra- tiquée in extremis, encouragea par sa présence et son autorité scientifique l'entourage présidentiel. Il sut adoucir par ses paroles émues les derniers moments de l'infortuné prési- dent, auquel l'unissaient des liens d'amitié déjà anciens. Le matin même de ce jour funèbre il avait reçu les insignes de commandeur de la Légion d'honneur des mains de celui que ni sa science, ni son cœur ne pouvaient arra- cher à la Fatalité. C'est encore grâce à son insistance, si douloureuse pour lui en de telles circonstances et pour laquelle il sut trouver d'adoucissantes paroles, qu'il obtint de la famille et du Gouvernement, l'autorisation de prati- quer l'autopsie du chef de l'Etat, et de pouvoir établir un procès-verbal exact et précis des causes et circonstances de la mort. * ** Si la vie scientifique et publique d'Ollier fut belle et dignement remplie, que dire de sa vie privée ? Ceux qui l'on approché, qui ont vécu dans son intimité, qui ont eu recours à lui dans les circonstances douloureuses et difficiles de la vie, peuvent seuls dire l'abnégation et le dévouement,