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L'ÉCRIVAIN' CLAUDE DU VERDIER III plus de « gausseries » que de graves arguments, et l'auto- rité d'Arlequin y était plaisamment invoquée. Fallait-il, en effet, s'armer de la massue d'Hercule contre du Verdier? Le rire suffisait. Un certain Pierre Brun, de Verceil, ami de Claude du Verdier, prit aussitôt sa défense, et fit imprimer inconti- nent une apologie de la Censure ( i ) . Le faetum porte un titre bizarre, hybride, mêlé de français et de grec, et dont voici le sens : « Défense pour l'auteur de la Cension contre YAniicaton, qui mord en secret, qui dévore la nuit en ca- chette, qui marche obliquement dans les ténèbres, philo- sophe fou de vanité. » Ce frontispice hérissé fait prévoir que Pierre Brun prendra tout à fait au sérieux sa fonction d'avocat. Mais il faut dire d'abord que la Défense est précédée de vingt-sept épigram- mes latines, que je crois de du Verdier lui-même. Cepen- dant elles ne paraissent avoir qu'un assez lointain rapport avec YAnticaton, et on dirait du remplissage typogra- phique, imaginé pour grossir un peu le volume (2). Le texte des épigrammes est illustré de sept gravures symboliques; on lit au-dessous d'une main : « Si tu ne deviens plus sage, les doigts de cette main t'arracheront les deux yeux ! » Ailleurs, un singe enchaîné est fustigé par son maître, et un distique précise le sens de la vignette : « Le singe est de sa nature un animal indomptable; vous ne le soumettrez pas avec des paroles, si vous n'y ajoutez les étrivières. » Ces menaces annonçaient de terribles représailles contre (1) Brun prétend qu'il n'a mis que trois jours à l'écrire, ce qui est pourtant une exagération manifeste. (2) Elles forment un cahier de 16 pages, chiffré à part, et qui a vrai- semblablement été ajouté au dernier moment.