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MOLIERE A LYON 329 en faire partout. Il continue d'ailleurs : « Je m'embarquais avec Molière sur le Rhône qui mène à Avignon, où étant arrivé avec quarante pistoles — comme un joueur ne sau- rait vivre sans cartes, non plus qu'un matelot sans tabac — la première chose que je fis, ce fut d'aller à l'Académie. » D'Assoucy, sous ce nom, désignait un tripot dit de la Biche, tenu par des juifs, où il laissa non seulement ses pistoles, mais sa garde-robe, jusqu'aux vêtements les plus indispensables. Il en partit « aussi nu qu'Adam à la sortie du paradis terrestre... Mais, continue-t-il, comme un homme n'est jamais pauvre tant qu'il a des amis, ayant Molière pour estimateur et toute la maison des Béjart pour amie, en dépit du diable, de la fortune et de tout ce .peuple hébraïque, je me vis plus riche et plus content que jamais. » Il les suit à Pézenas et devient le pensionnaire de la mai- son. Dans le ménage de Molière, la vie est large, ainsi , qu'en témoignent ces vers écrits par d'Assoucy, au souvenir de la bonne table de Madeleine Béjart : Au milieu, de sept à huit plats, Exempt de soins et d'embarras, Je passais doucement la vie. Jamais plus gueux ne fut plus gras. A cette table bien garnie, Parmi les plus friands muscats, C'est moi qui soufflais la rôtie Et qui buvait plus d'hypocras. De Pézenas, les comédiens vont à Narbonne et poussent jusqu'à Bordeaux. Ils durent, au cours de la campagne de 1655-1656, faire des apparitions à Lyon, attestées par deux N° 5. —• Novembre 1900. 22