Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
450                     BOSSUET ET LYON

   Cependant l'opinion, comme toujours, lançait des noms en
avant et celui de l'évêque de Meaux était le plus fréquemment
prononcé pour Lyon. Ses diocésains lui en témoignaient leurs
craintes; mais lui-même, dans une réponse à Mme d'Albert de
Luynes, eii nous laissant voir le fond de son cœur, nous
apprend mieux que personne pourquoi sa candidature n'est
pas sérieuse et nous permet de deviner à quelles intrigues
elle se brisera. « Il ne faut pas vous étonner, écrit-il de
Germigny le 5 août 1693, si je ne dis rien sur tous les
bruits qu'on répand sur l'archevêché de Lyon. Dans mon
âme, quoi qu'on m'en dise, je sens qu'on n'y pense pas et
qu'il n'en sera rien ; mais je crois devoir garder la fidélité
à Dieu, de ne penser rien sur tout ce qui me touche que
quand il faut y penser » (1). Moins de dix jours après, il
répétait encore à la distinguée religieuse : « Tout ce qu'on
a dit de l'archevêché de Lyon n'est que chimère » (2)..
   Plus tard, lorsque la vacance du siège de Paris sera
ouverte par la mort subite de Harlay de Champvallon, ses
sentiments de sérénité et de loyauté seront les mêmes ; il
ne variera pas dans sa modestie, ni dans son bon sens ; il
verra aussi juste; il parlera aussi net. Ni dans un cas, ni
dans l'autre, il n'ignore l'influence prédominante qui le
maintient à l'écart. La volonté, qui mettra la crosse archié-
piscopale dans les mains de Mgr de Noailles, est la même
qui fit primat de France Claude de Saint-Georges.
   On ne pécherait cependant pas beaucoup contre la vrai-
semblance, en soutenant l'hypothèse que cette dignité si
convoitée serait échue sur une autre tête, si l'extrême jeu-
nesse du sujet n'eût pas obligé de l'écarter ou plutôt de

  (1) Edit. Lebel, t. XXXIX, p. 179.
  (2) Eod. loc, p. 183.