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JOANNY DOMER 333 de la Brasserie Hoffherr de la rue Thomassin, ses ravissants plafonds du Bar Américain et de la Maison Dorée, superbe mythologie blonde, dont s'occupa beaucoup la critique en 1885; un Triomphe de Bacchus, prétexte d'une composition savante, où les dieux et les déesses se mêlent rieusement dans les harmonies d'un olympe monumental. Ces grandes architectures aériennes, ces figures traitées avec un senti- ment exquis, rappelaient merveilleusement les magistrales décorations de l'Ecole vénitienne. Jamais Domer n'avait été mieux inspiré. Autour du plafond s'étalent les douze signes du zodiaque, douze petits panneaux, douze petits chefs- d'œuvre. C'était l'époque où se révélaient à Lyon « les Mécènes du Houblon », où les grands brasseurs tenaient à honneur d'avoir pour leurs splendides halles des toiles de prix, des œuvres d'art ; Saint-Cyr Girier et Domer étaient devenus leurs décorateurs attitrés. Le café Grand, de la place des Terreaux, commanda à Domer de beaux médaillons. Dupuy, à la Croix-Rousse, suivit le mouvement, et se fait gloire aujourd'hui de cette Bacchanale antique que conduit Gambrinus entrant dans une sorte d'exèdre, où trône, sous un temple à colonnes doriques, surmonté de pampres, le groupe de « Psyché et l'Amour ». A la suite du roi de la légende, une foule de guerriers et d'éphèbes brandissent des palmes ei des ori- flammes, tandis que des femmes aux poses hardies dansent au son des tambourins et entraînent les groupes. Dans un coin, comme opposition, un satyre presse des grappes de raisin dans une amphore de cuivre, riant à pleine gorge et semblant narguer la bière en écrasant le vin. Qui ne reconnaît dans cette composition hardie l'idée philosophique qui préside toujours aux œuvres de Domer! Des brasseries au Palais du Commerce, la transition est