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320                  CHRONIQUE DE MARS I9OO

   Au Grand-Théâtre, première à sensation le 6 mars. On
y joue le grand poème de Wagner, Tristan et Yseult.
   Il faut se reporter aux grandes soirées de la Walkyrie et
des Maîtres-Chanteurs pour s'expliquer l'engouement des
Lyonnais pour la symphonie wagnérienne.
   Mlle Janssen, une Lyonnaise, nous a montré une Yseult
pleine de sentiment et de poésie. Elle a rendu, avec un sen-
timent très artistique, le caractère légendaire, la note de
poésie et de rêve d'abord, puis de farouche et poignante
désolation à la grande scène de la mort.
   Le rôle difficile de Tristan était confié à M. Scaramberg,
qui l'a interprété avec un talent supérieur, dans un style
très noble et très élevé, avec une superbe intensité d'émotion.
   Le 24 mars, première de Jahel, la belle tragédie lyrique
de notre compatriote, M. Arthur Coquard, un épisode
émouvant de la lutte du peuple hébreu pour son indépen-
dance, contre les rois de Syrie, vers le milieu du second
siècle avant l'ère chrétienne.
   Jahël est la mère des Macchabées, de ces cinq frères
héroïques, « fils d'un peuple mourant », qui soulevèrent
contre l'invasion étrangère la révolte des Juifs et arrachèrent
pour un temps Jérusalem aux soldats d'Antiochus Epiphane,
qui livra les sept enfants martyrs au supplice, sous les yeux
de leur mère Salomé.
   Le public lyonnais a fait à. Jahël un très favorable accueil.
   Citons enfin les deux concerts symphoniques des 18 et
25 mars, où Mn1cs Mauvernay, Mirande et de Noce ont
remporté de si brillants succès.
   Ainsi se termine notre promenade à travers les faits
divers du mois de mars.                        Pierre VIRES.
"'        '                             Le Gérant : P. BERTHET.
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