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AVEC M. DE SAINT-GERAN 35 particulièrement une ceinture funéraire toute neuve, armo- riée de blasons, et une chapelle ardente montée sur quatre colonnes de huit pieds de hauteur, peinte en noir semé de larmes, avec quatre fenêtres, des doubles croix à chaque coin, quatre clochetons, et au centre un clocher qui couronnait l'édifice. Naturellement, toute la compagnie de Saint-Geran était convoquée en armes à la quarantaine ; et c'est un des motifs allégués par lui pour justifier sa prise d'armes, que le devoir filial de faire honneur à sa grand'mère. Au beau milieu du service, Diane, toujours âpre à la défense de ses droits, le fit encore sommer d'écouter sa protestation ; le comte s'emporta, jura en pleine église, sans que d'ailleurs l'esclandre parût le moins du monde troubler la cérémonie. A peine sorti de l'église, M. de Saint-Geran monta achevai, fut salué de deux salves d'arquebuserie, et partit avec toute sa suite. Le reste de la compagnie se dispersa aussitôt : la fête était achevée. Elle eut pourtant des conséquences imprévues. La régente Marie de Médicis, alors à Fontainebleau, avait été avertie de ce qui se passait sur les frontières du Bourbon- nais et du Forez. Le comte de Saint-Geran était estimé, au moins pour ses brillants états militaires ; Honoré d'Urfé, quoique très peu mêlé aux affaires publiques, était bien vu aussi à la Cour, et déjà célèbre par ses ouvrages, surtout par les deux premières parties de YAstrée, qui commen- çaient à faire tourner toutes les têtes. La querelle de ces deux hommes était donc un événe- ment qui intéressait la Cour et son entourage. Le 12 novem- bre, la reine écrivit cette lettre à Honoré d'Urfé (1) ; (l) D'Urfé, officiellement « en cour », était alors probablement à Paris.