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                     AVEC M. DE SAINT-GERAN                           2j

par les bourgeois de Moulins, il se présentera aux portes de
la ville avec cinq ou six mille hommes rassemblés dans le
pays ( i ) . On racontait encore de lui d'autres aventures fort
extraordinaires (2). Elles ne firent guère de tort à sa fortune
politique ; après avoir été longtemps gouverneur du Bour-
bonnais, il fut, en 1619, nommé maréchal de France et
chevalier du Saint-Esprit. Son frère Godefroy de la Guiche,
seigneur de Chitain, qu'on verra auprès du comte de Saint-
Gcran dans les faits que nous allons exposer, a joué dans
l'histoire un rôle beaucoup plus effacé; mais il passait aussi
pour un violent, prêt à tous les coups de main.
   M. de Saint-Geran avait pris en haine Honoré d'Urfé et
surtout Diane de Châteaumorand à qui, d'après Huet (3),
il n'épargnait pas les mots cruels sur la facilité à'Astrée (4)
à tolérer les hommages que. lui attirait sa beauté. Ce sont
des raisons d'intérêt qui avaient brouillé les deux mai-
sons. On voit bien, il est vrai, intervenir incidemment
un motif politique. Honoré d'Urféet Diane étaient d'anciens
ligueurs; M. de Saint-Geran, lui, était très fier de sa longue
fidélité à la cause monarchique, et les gens à sa solde, pour
excuser, leurs brigandages, reprochaient aux seigneurs de
Châteaumorand « d'avoir été de la Ligue ». On sait avec
quelle ardeur d'Urfé s'était jeté dans la lutte; Diane elle-



   (1) Archives historiques du Bourbonnais, 1891, p. 86.
   (2) Voy. les Généalogies du sieur Gaillard, dans le Cabinet historique,
V e année.
   (3) Lettre à Mademoiselle de Scudéry touchant Honoréa'Urféet Diane de
Châteaumorand.
   (4) On l'appelle Astrée conformément à l'opinion générale au
XVIIC siècle, et sans examiner, pour le moment, si Diane de Château-
morand est en effet la célèbre bergère du roman de d'Urfé.