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CHRONIQUE DE NOVEMBRE 1899 475 Le 21, Carmen, bonne audition. Le 23, Sam son et Dalila ; Lyon a gardé pour Sam son et Dalila une spéciale prédilection, et, malgré que certaines de ses parties soient empreintes de l'austérité et de la sobriété rigoureuse de l'oratorio, l'œuvre entière retrouve pour tous les spectateurs un charme, un intérêt, une haute émotion artistique dont les trames ingénieuses d'autres opéras ne les ont jamais détournés. M. Scaramberg a composé le personnage de Samson avec une vaillance dramatique, une largeur de style musical, un sentiment énergique et sincère, qui ont été très applaudis et ont apporté à tout son rôle un remarquable relief artistique. Mme Bresser a été une Dalila aux belles attitudes, au jeu intelligent et expressif. Enfin, le 29, Philémon et Bancis, soirée sans intérêt, interprétation terne de l'innocente opérette de Gounod. Aux Célestins, le 8, bonne reprise du Demi-Monde, l'anti- que comédie de Dumas fils, que le public applaudit avec vigueur pour son excellente interprétration, malgré ses scènes parfois vieillotes. Le Demi-Monde fut créé en 1855. En réalité il n'existe plus aujourd'hui. La vie à outrance de notre fin de siècle l'a fondu avec le monde qui s'en accommode sans honte, et c'est à peine si notre quart de monde l'effarouche par ses audaces débraillées. Aussi ne nous sentons-nous émus qu'à fleur de peau par les révoltes de la courtisane du Demi- Monde, comme nous avons cessé depuis longtemps de pal- piter aux déclarations larmoyantes et sentimentales de la Dame aux Camélias. Le 22, première représentation du Torrent, de M. Donnay, pièce à thèse singulièrement audacieuse, à cas de conscience