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450                  A L'ORDRE DU JOUR

avec nos officiers et les camarades des diverses compagnies
du bataillon.
   Nous nous rappelions le combat de Roppe, où deux
compagnies, celles des capitaines Poupard et Carrey s'étaient:
particulièrement distinguées, les rangs serrés des nombreu-
ses compagnies de Prussiens et de Badois, le déploiement
de tous. ces escadrons de uhlans qui essayèrent de nous
déloger du,village et ne, purent y parvenir, la retraite des
Allemands, semant sur les routes leurs morts et leurs blés-,
ses et obligés ce jour-là de suspendre l'investissement.
 . Nous savions,que malgré notre victoire, l'on nous avait
fait abandonner Roppe parce que ce village était trop éloigné
de Belfort et qu'il ne restait dans cette place pas un seul
canon de campagne en état d'être amené pour soutenir notre
résistance.
 , Nous causions de, notre campement pendant une partie
de la nuit suivante dans les granges et les écuries du village
d'Offemont, puis de notre départ précipité de cette localité
pour Eloye-; de notre marche, avant le jour, dans les sen-
tiers à peine tracés de la forêt de l'Arsot, marche silencieuse,
sans refrain, sans cri, car il ne fallait pas attirer l'attention
de l'ennemi ni de ses espions.
   Nous discutions sur les positions que l'on nous avait fait
prendre à Eloye et au Valdoie, dans la partie occidentale de
la forêt de l'Arsot, à cheval sur les routes de Giromagny et
de Gros-Magny; nous nous remémorions nos barricades for-
mées de tout ce qui nous était tombé sous la main, depuis les
arbres abattus jusqu'aux instruments aratoires des paysans :
les voitures, les charrues, les herses, les tables, les bancs.
  Puis c'était l'arrivée des Allemands, vers les dix heures du
matin, le 3 novembre ; nous revoyions cette noire colonne
venant du côté de Grcs-Magny, que nous forcions à s'arrêter,