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378 CHRONIQUE D'OCTOBRE 1899 meurtriers restèrent introuvables comme les assassins de la pauvre cabaretière qu'on trouve égorgée le 22, dans la rue Sébà stien-Gryphe. C'est à croire que nous n'avons plus de police depuis qu'on l'a exilée sur le boulevard de la Part- Dieu. Le même jour, 22 octobre, splendide fête offerte par la Société de tir de l'armée territoriale à l'occasion de la dis- tribution des prix à ses lauréats du concours de 189g, fête pleine de patriotisme et d'entrain, à laquelle assistent toutes nos autorités. Seul, M. le maire de Lyon manquait à l'appel. Etait-il retenu par l'étude du projet de création à Lyon d'une école de tannerie, d'où pourrait sortir plus tard un président de la République ? Songeait-il au fameux cours de repassage qu'on va inaugurer dans nos écoles municipales et dont nos ménagères feront bien de profiter? S'occupait-il de. l'école d'enseignement colonial que la Chambre de commerce va inaugurer bientôt ? * ** Non; M. le Maire songeait aux grands travaux qu'il a rêvés depuis qu'il préside aux destinées de notre ville ; et soudain son front s'illuminait, il rêvait d'un bon tour à faire à ses électeurs récalcitrants du deuxième arrondissement. — Ils ont réclamé, se disait-il, un pont monumental à Ainay, à la place de leur vieux pont branlant ; on l'ouvrira au public, sans tambour ni trompette, sans inauguration, sans discours. Ainsi fut dit, fut fait. Le I e r octobre, le cantonnier du coin enlevait la dernière barrière qui fermait l'accès du pont et les piétons stupéfaits s'aventuraient sur cette nouvelle voie, se demandant, avec étonnement, s'ils avaient bien le