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358       UN MANIFESTE DE L'ÉCOLE TRADITIONNELfcE

les sectateurs du Christ; on les traque, on les insulte, on les
bafoue; on les poursuit dans la rue, aux thermes, sur les
marchés : partout où ils passent, on les accable d'injures et de
projectiles. Le gouverneur est absent; les magistrats munici-
paux emprisonnent les innocents, pour calmer. les insul-
teurs; ils seront jugés au retour du proconsul. Il n'existe
évidemment pas d'édit signé de Marc-Aurèle, puisque le
légat écrit à l'empereur et lui demande la ligne de conduite
à tenir. Un décret antérieur, étendu à toutes les provinces,
l'aurait tiré de son ignorance et de son embarras.
   Les perquisitions, après un premier interrogatoire,
recommencent : les esclaves sont mis à la torture. La
police opère avec plus d'activité et sur un plan mieux con-
certé que la première fois. Mais ses arrestations ne s'éten-
dent pas davantage au dehors de la cité. Le prœses et moins
encore les duumvirs ne jouissent d'aucune autorité sur un
territoire indépendant de leur juridiction : ils n'ont aucun
mandat pour Vienne. Vienne et Lyon appartiennent à deux
provinces différentes, dont le régime administratif n'est
pas identique, l'une province sénatoriale, l'autre province
impériale. Les deux cités se seraient-elles soulevées en
même temps, les délégués se seraient-ils entendus pour se
saisir des fidèles, chacun des proconsuls a son tribunal,
ses prisons, ses bourreaux ; les procès des prévenus, surtout
un procès capital, ne se transfèrent pas d'un prétoire à un
autre, d'une province dans l'autre. Les Romains étaient
trop respectueux des usages judiciaires pour bouleverser
ainsi des attributions légalement définies. Une instruction,
si elle a été ouverte dans la Narbonnaise, n'aura pas été
remise à un magistrat siégeant dans la Celtique ( i ) .


  (i) Parmi les fantaisies dont la mémoire de nos martyrs a souffert,
on nous permettra de signaler la suivante, qui s'est glissée, je ne sais vrai-
                  i