page suivante »
3)2 UN MANIFESTE DE L'ÉCOLE TRADITIONNELLE . s'enrichissent, afin de n'être tributaires de personne, d'une partie de leurs dépouilles et trouvent le Rhône assez com- plaisant pour les porter jusque sur leur territoire, mais ils inventent en plus une persécution locale, qui leur fut réservée, où leur évêque Justus subit la mort avec une multitude de néophytes. Leur vanité n'est encore qu'impar- faitement satisfaite. Interrogez le savant Nicolas Chorier, leur historien le plus considéré ; il vous apprendra qu'Attale, Epagathus,Blandine, Pontique, tous Viennois, furent torturés dans l'amphithéâtre bâti au flanc du mont Pipey. La primatie est-elle reconnue dans nos murs comme une institution consacrée et officielle; aussitôt leur archevêque s'intitule le Primat des Primats. Des privilèges sont-ils utiles à ces tendances, plutôt naïves. qu'ambitieuses, un faussaire les fabrique au x'ic siècle ; un autre, au xvn e , tire de son cerveau toute une correspondance papale des plus suggestives. . Ce n'est pas que chez nous on ait été beaucoup plus timoré que dans l'entourage et qu'on se soit refusé de vieillir nos évangélistes et de les couronner de l'auréole d'envoyés immédiats des grands apôtres. Chaque légendaire, à Lyon comme ailleurs, renchérit sur ses prédécesseurs; ils tiennent tous à ne pas se répéter, à ne pas rester au-dessous des mer- veilles racontées antérieurement; ils ne sont d'accord que pour abandonner le réel et broder des fictions, si absurdes soient- elles. Ainsi, selon les uns, Pothin est parti d'Antiochepour les rives du Rhône et la colonie de Plancus, sur les ordres de saint Pierre; selon d'autres, qui l'ont lu dans un homi- liaire tombant de vétusté de la collégiale de Saint-Just, saint Paul avait laissé Irénée pour achever d'instruire les païens qui l'avaient hébergé. On remonte même plus haut et un doyen de la cathédrale de Chalon-sur-Saône attribue à Satur- nius et à Paradocus, disciples de saint Jean Baptiste, la