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136 AUGUSTE BRIZEUX a dans Brizeux « des négligences », des « inégalités », signalées autrefois par Villemain et Charles Magnin et trop atténuées peut-être par M. Lecigne, qui loue « le fini du travail » de Marie et l'impeccable perfection des Histoires poétiques. Mais si l'ami d'Alfred de Vigny, d'Auguste Barbier, de Sainte-Beuve et de Deveria, était assez romantique pour qu'en 1835 l'auteur de Chatterton lui écrivît: « Où étiez- vous, mon ami, où étiez-vous? Quand A. Barbier, Berlioz, Antony et tous mes bons et fidèles amis me serraient sur leur poitrine en pleurant, où étiez-vous ? Mon premier mot à Barbier a été ; « $i Brizeux était ici ! » L'ami d'Andrieux, l'admirateur enthousiaste d'Ingres, auquel il a consacré un Hymne,, et de la beauté plastique de l'art italien de la Renaissance, ne pouvait point ne pas être classique, non pas de ce classicisme finissant, qui s'enfermait dans de vaines et étroites formules, mais de ce classicisme large et libéral, qui est « l'école de l'ordre, de la mesure, du bon goût et du bon sens » —^ « j'appelle classique ce qui est sain », disait un jour Gœthe : à ce point de vue, l'auteur de Marie est classique, lui pour lequel les lettres et la poésie sont l'âme qui se déploie tout entière dans sa puissance ordonnée, sa beauté et son harmonie native, sans le faux brillant de la déraison, sans les excès d'une sensibilité fiévreuse, d'une désespérance morbide.— Il est classique encore, parce qu'il croit aux genres et aux règles, comme Horace, Boileau, André Chénier, dont il se réclame dans sa Poétique nou- velle, tout en disant « qu'après la poétique des règles, il restait à faire une autre poétique », la poétique des sources d'inspiration : Ils ont donné la forme, et j'indique le fond. — Il est classique enfin par l'art de la composition, l'amour