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AUGUSTE BRIZEUX *33 les trois sources d'inspiration pour tout artiste : la Nature, initiatrice de tout vrai talent, Celui qui n'a point bu son lait ne vivra pas, est la mère de la poésie lyrique et de la poésie pasto- rale. La GYfe'inspire la satire, l'élégie, la tragédie, la comédie, celle de Molière surtout, le sage, l'artiste, Le grand contemplateur, au rire bon et triste ( i ) . Le Temple, les monuments, les églises de Rome, où l'on foule aux pieds la cendre des héros et des saints, donne naissance à l'épopée. Puis la poésie, la philosophie, la théologie apparaissent chacune avec leur cortège, dont on ne voit pas bien le rapport avec ce qui précède. La dernière œuvre de Brizeux n'a pas le souffle poétique de l'Invention d'André Chénier; pourtant, elle lui est supé- rieure par l'élévation des idées, le sentiment de la nature et le respect des traditions littéraires. Notre poète ne dit pas seulement : ' • . . • • Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques ; mais il unit Shakespeare à Corneille, à Racine, « brillant dans la cour divine de l'art tragique ». S'il est vrai, comme l'a très bien dit Lamartine (2), que pour faire « un poète véritable », il faut « une puissante sensibilité pour sentir, une puissante imagination pour concevoir et une puissante raison pour régler son imagina- tion et sa sensibilité », on doit reconnaître que Brizeux n'a (1) Souvenirs et portraits, (2) Lecigne, p. 481.