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94                       SAINT NIZIER

         Psalière prœcepit normamque tenere canendi
         Pr'tmus et alterutrum tendere voce chorum.

    C'est de la faveur d'en haut du reste, plus que des
hommes, qu'il implore habituellement les secours opportuns,
afin de soulager les misères publiques, lutter contre les fléaux
dévastateurs, dissiper de vaines alarmes, mettre un peu de
vaillance et de paix dans les esprits, de productives semences
dans les champs. Il combat le découragement, la paresse,
les superstitions fatalistes par les lumières de la foi, les
raisonnements du bon sens, les inventions d'un culte plein
 de confiance en une Providence paternelle. Quand une
sécheresse, telle qu'on ne se rappelle pas en avoir éprouvé
depuis les âges les plus reculés, brûle sur pied les moissons
 et dévore la graine du raisin, le pontife convoque les popula-
tions rurales à des litanies et à des pèlerinages ; il prend la
tête des cortèges qui promènent, dans les campagnes désolées,
les reliques des saints et les supplications des affligés; il
commande avec un crédit, au moins égal à celui du prophète
Elisée, aux nuées de répandre leur fécondante pluie.
    Il agira de même pendant les rigueurs d'un hiver qui
mêle les angoisses de la famine au supplice d'un froid into-
lérable; il ne s'arrête pas de gémir sur les péchés qui attirent
de semblables châtiments et il compatit avec la plus libérale
tendresse aux maux dont il désirerait supporter exclusive-
ment le poids. Tantôt c'est une épizootie effroyable qui
répand la mort et la ruine dans les étables ; tantôt c'est la
peste qui atteint les hommes après les animaux et qui,
annoncée par une comète fantastique, paraît ôter à chacun
l'espoir de lui échapper et le remède pour s'en guérir. Plus
la consternation est universelle, plus l'intrépidité de saint
Nizier se soutient et s'affirme. Il ne compte ni avec les