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5)6               CHRONIQUF. DK MAI 1 8 9 9

     L'ouvrier s'assagit. Plutôt il s'ennuie. Il lui faut, à lui
 aussi, des sensations neuves et le premier mai ne lui semble
 plus qu'une « saint-lundi » d'un autre genre ou une « Vogue
 à l'Ile » bien démonétisée aujourd'hui.
    Il a fallu le retour des premières communions pour jeter
 un peu dans nos rues cette note de fraîcheur et de jeunesse
 que donnent les.robes blanches des enfants. Eux aussi sont
 au printemps, au premier mai de la vie. Que de désillusions
 leur réserve l'automne !
     Mais en voici une qui ne chôme jamais ! C'est la nature
 que rien n'arrête dans sa poussée, et qui, dans notre beau
 Parc, fait « craquer son corset vert » au milieu des concerts
 des familles d'oiseaux en travail. On va donc enfin l'enser-
 rer de grilles en fer, ce beau Parc trop ouvert aux rôdeurs
 et aux malandrins. Mais déjà les rivalités se lont jour à ce
 sujet dans le monde des architectes. Les uns, — les favo-
risés de l'Administration désignés d'avance aux faveurs
 d'une sélection habile, —entonnent les louanges de M. Gail-
leton qui réserve à ces élus toutes les bonnes aubaines. Les
autres, — et ils forment la grande majorité, — demandent
à grand cris et avec raison la mise au concours de ces grilles
monumentales.
    Ils ont le bon droit pour eux; ils triompheront. Pendant
ce temps, le lotissement des terrains se fait autour du Parc
pour la construction des villas qui vont l'entourer. Déjà le
premier lot, vers le monument des Légions, est acquis à des
prix qui ne me permettront jamais de m'y offrir l'arpent de
terre rêvé par Soulary. Mais j'aurai toujours la ressource
d'aller rêver en paix tout à mon aise sous ces splendides
ombrages uniques en France et d'y promener mes idées
vagabondes. Croyez-vous qu'on n'y trouve pas matière à
réflexions salutaires, sous ces voûtes sombres que perce de
ci delà la nacre éclatante du lac.