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494                    VICTOR SMITH

ami fidèle, M. Mie-Keilsinger, qui ne laissait presque jamais
passer une journée sans venir le voir. Il écrivait à son frère,
le r6 juin 1880 : « Hier, j'ai pris mon courage à deux
« mains; je me suis fait conduire au chemin de fer qui
« m'a amené, sans trop me fatiguer, dans un climat bien
« différent de celui de Montpellier. A Montpellier, j'étouf-
« fais; à Langogne je fais du feu. Je pense cependant n'avoir
« pas besoin longtemps de ce procédé pour avoir un peu
« chaud. Langogne est le point culminant du chemin de
« fer'de Nîmes à Clennont, c'est à la hauteur de laChaise-
« Dieu, ou peu s'en faut, quelque chose comme neuf cents
< et quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. J'ai
 •
« eu de hautes prétentions en venant ici. J'étais si peu
« sûr de les pouvoir réaliser que je n'en ai pas voulu par-
<> 1er auparavant; chanter avant l'Å“uf. L'Å“uf est pondu;
« m'y voilà ! »
   Il a passé ainsi les deux dernières années de sa vie, sup-
portant courageusement l'affaiblissement de ses forces. Ses
jambes lui refusaient leur service. Enveloppé d'un vieux
manteau, il se promenait dans une petite chaise roulante,
traînée par un jeune garçon assez mal vêtu. C'est ainsi
qu'il fut rencontré un jour par une bonne religieuse, qui le
prit pour un pauvre et lui glissa dans la main une pièce de
dix centimes. Victor Smith se tourna vers elle avec un
doux regard, et, prenant dans sa poche une pièce de
vingt francs, il la lui tendit en disant : « merci, ma bonne
« sœur, je garde votre offrande, donnez celle-ci à d'autres
« pauvres. »
   Victor Smith mourut chrétiennement à Langogne, le
 13 juillet 1882, entouré de bons soins et pieusement
administré par le curé de la paroisse.
   Le père de Victor Smith, M. Joannès-Erhard Valentin-