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VICTOR 'SMITH 48 I VICTOR DE LAPRADIï « Sa pensée a toujours du sérieux, de la dignité, de « l'élévation, de je ne sais quoi de grave qui est presque « religieux. On respect sa marche ; elle se développe dans « les plis un peu indécis et un peu flottants d'une phrase « qui lui fait un ample et riche vêtement. Quelquefois « peut-être désirerait-on l'idée vêtue plus à la légère, plus « libre, plus rapide, plus à la française, moins habillée en « quelque sorte ; mais telle qu'elle est, nous l'aimons dans « son opulence et dans sa majesté. « M. de Laprade a toujours une idée ': un jour c'est le « travail qu'il réhabilite à travers Homère. Un autre jour, « c'est la foi à qui il rend Montaigne qu'on avait voulu, bien « à tort lui dérober. Aujourd'hui enfin, sous le voile de sa « préface, il poursuit l'œuvre de ralliement des puissances de « l'esprit et du cœur, et conseille le baiser de paix de la « religion et de la philosophie. » MAGU « Nous aimons le poète du peuple qui ne cherche pas « les hauteurs vertigineuses de la pensée, mais qui se plaît « à rester du peuple et à exprimer simplement, familière- « ment, ingénieusement des idées courantes, naturelles, « faites pour émouvoir tout le monde, pour être comprises « de toutes les intelligences et de tous les cœurs. « La poésie, ce n'est pas seulement la langue d'élite des « beaux esprits, le murmure harmonieux des bouches déli- « ci.tes : plus que cela, c'est l'expression animée, vivante,