page suivante »
470 VICTOR SMITH « froisse trop tous mes sentiments. Songe que mon grand- « père et ma grand'mère si vieux, ne voient plus que moi ; je « suis leur seule société. Si je pars, il se fera une solitude « complète autour de leurs quatre-vingts ans. Dans quelle « tristesse cela les plongerait à leur âge. » Les premières études de Victor Smith se firent à Lyon, à l'institution des Minimes, dont un prêtre stéphanois, l'abbé Payre, était supérieur. Le jeune élève écrivit de là une pieuse lettre à son père, alors conseiller à Riom, pour le prier de venir assister à sa première communion. Dès l'âge de treize ans, il lui demandait de lui envoyer des livres dont la lecture puisse le charmer, comme l'avaient fait les Mémoires de Mme de La Rochejacqnelein et le Génie du christianisme. L'année suivante, il le priait de lui procurer des dessins d'Horace Vernet; puis, dans une autre lettre, il exprimait, en termes classiques, son désir de se livrer au culte des muses et d'Apollon, et il ajoutait : « je t'assure que « cette idée me pénètre, et m'influence d'une nouvelle ardeur « pour le travail. » Peu après, il racontait à son père sa visite à une exposition de peinture, et préludait ainsi à ses comptes rendus. Cette même lettre exprime l'attrait que la poésie avait déjà pour lui. « Je lisais, il y a quelques « jours, Moyse exposé sur le Nil de Victor Hugo. Cette « poésie m'a fait une si vive impression que j'ai un grand « désir de lire ses ouvrages et de m'en rassasier. » A seize ans, il souhaitait la fête de sa grand'mère par une pièce de vers dont voici une strophe : Moi, je perdis ma mère En entrant au berceau; Mais la main, main si chère, Appuya le roseau.