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2J0              PIl'KRl- PL'VIS DI-: CUAVAXDT'S

l'inaltérable gratitude que je garde au fond de mon
cœur pour mon cher et vénéré maître, Henri Scheffer. »
    Le jeune peintre est pourtant découragé des piètres
résultats de ses débuts et il se décide à repartir pour l'Italie
en compagnie d'un camarade, Beauderon de Vermeron.
Ce voyage dure plus d'un an et cette fois s'affirme sa voca-
tion artistique. Les fresques de Piero délia Francesco, de
Fra Angelico, de Signorelli et du Girlandajo se fixèrent
pour jamais dans sa mémoire, jamais il ne les oubliera.
Ce sont les véritables maîtres de celui qui écrira plus
tard : « Il n'y a que deux peintures qui aient le sens
commun : la peinture murale adhérente au monument, ou
la peinture de chevalet qu'on peut examiner en tenant le
tableau dans les mains. »
    Rentré à Paris avec la résolution d'apprendre sérieuse-
ment le métier, qu'il savait ignorer, il se fit conduire chez
Delacroix par Beauderon. Nous donnons, cette fois encore,
la parole à Puvis de Chavannes : « Un beau matin, de con-
cert, nous partons pour la rue Notre-Dame-de-Lorette où
l'illustre peintre avait son atelier. Nous entrons. Sur un ta-
bleau de dimensions considérables, une Chasse an lion, qui
depuis a été brûlé au Musée de Bordeaux, Delacroix, avec
une énergie concentrée, s'escrimait, zébrant de touches
parallèles sa toile, ne trouvant jamais le ton assez fort, le
poussant, le montant toujours, de manière aie faire chanter
furieusement. Quand le maître s'arrêta, pris de fatigue,
Vermeron me poussa en avant : « Voilà un jeune homme,
cher ami, qui vous admire beaucoup... » Delacroix l'inter-
rompit brusquement; et avec un fin sourire, répondit :
« Entretenez-le dans ces idées-là, Vermeron, c'est si rare! »
C'est ainsi que je devins l'élève de Delacroix. Je le fus tout
juste quinze jours. L'atelier depuis longtemps périclitait ;