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                SUR LA BATAILLI- DE BRIGNAIS               205

 tant, que le nom du petit ruisseau, le Merdanson, qui
traverse la plaine des Aiguiers, où il forme de petits maré-
cages, venait de l'expression corrompue de mare de sang
à cause d'une grande bataille qui avait été donnée là et
où il fut versé du sang à en faire rougir le ruisseau. « Mais,
ajoute mon obligeant correspondant,l'explication serait plus
plausible,s'il n'existait pas d'autres ruisseaux du même nom,
qui ne peuvent revendiquer une si noble origine. » Telle
qu'elle est, elle nous montre l'esprit des populations dirigé
dans cette voie. « Enfin, ajoute M. l'abbé Chambeyron,
dans les labours et les fonçages de ladite plaine, on a trouvé
à diverses époques des débris d'armures et d'équipements,
piques, pertuisanes, cuirs, boucles et autres ferrailles. Je
n'ai jamais ouï dire que rien de pareil se soit montré sur la
rive droite. »
   Ne pouvant pas rompre avec des traditions si sérieuses,
P. Allut admet que l'armée royale campait à deux kilo-
mètres environ en avant du village, au pied de la dernière
colline des Barolles, à cheval sur la route de Lyon par
Saint-Genis-Laval, de façon à conserver ses communica-
tions avec la ville. C'est, suivant lui, à cette place, qu'elle
fut victime de la surprise nocturne dont parle le chroniqueur
italien Matteo Villani ; ce dernier, à son avis, beaucoup
plus digne de foi et mieux informé que Froissart.
   M. Steyert, dans sa Nouvelle histoire de Lyon, renchérit
encore sur le jugement sévère porté contre Froissart. Pour
lui, le récit de ce dernier, dicté par un soudard gascon, est
dénué de valeur, comparé au texte si' précis de Villani.
Je ferai portant remarquer que si l'une des deux narrations
est empreinte de forfanterie et de goût pour le merveil-
leux, c'est bien, à coup sûr, celle de l'Italien, alors que le
Flamand s'efforce, suivant sa coutume, de décrire exacte-