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154                   LES THURNEYSEN

population catholique fervente, on ne peut qu'être
surpris qu'une telle tâche ait été confiée à un étranger,
à un protestant, et à un protestant dont le sentiment
religieux personnel était si ferme.
   On retrouve en cela le caractère d'exception que,
dans l'intérêt supérieur de la cité, les échevins de Lyon
s'étaient attachés, autant qu'il avait dépendu d'eux, à
conserver à toutes choses. Ils avaient trouvé auprès
d'eux, dans le haut clergé et dans les représentants du
pouvoir royal, une aide tacite. L'esprit de liberté,
encore si intense au xve et dans les deux premiers
tiers du xvic siècle, inséparable de l'esprit de modéra-
tion et de tolérance, a marqué encore de son empreinte
bien des actes au xva e siècle, quels que fussent alors
les droits nouveaux, l'intervention et l'influence de
l'autorité royale, et malgré l'affaiblissement, poursuivi
avec patience, des ressorts de l'action de ces étrangers
qui avaient tant fait, grâce à la liberté, pour la
fortune et le renom de Lyon.

   Thurneysen est une figure qu'il serait intéressant d'étu-
dier de près sous plus d'un rapport. Il avait un talent
que l'empereur d'Allemagne a prisé autant que le duc
de Savoie l'avait fait ; il paraît avoir eu un rare charme
personnel. A une époque troublée par les dissensions
religieuses, où les Protestants étaient tout au moins
tenus à l'écart, ce réformé sincère et résolu avait
inspiré l'estime et s'était fait rechercher. Si dans le
mouvement artistique particulier qui s'est produit avec
quelque vivacité au milieu du xvir* siècle, il n'a pas
été un des graveurs les plus originaux, il a été un
des plus habiles et un des plus occupés. Nous ne